Société Générale cherche à se séparer de Shine

Société Générale annonçait le rachat de la néo-banque pour les entrepreneurs Shine en 2020. Depuis, et en dépit de belles réussites, il semble que la relation entre les deux entités se soit dégradée. La banque française serait ainsi sur le point de revendre la structure Shine et suit ainsi une tendance négative sur le marché, qui révèle au grand jour les difficultés que connaissent ces acteurs pour rentabiliser leurs filiales, difficultés relevées de manière récurrente par l'ACPR.
LES FAITS
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Titulaire du statut d'établissement de paiement depuis 2021, la filiale du groupe dédiée aux services financiers des professionnels et des entreprises avait été rachetée en 2020 par Société Générale et souhaitait alors gagner en autonomie tout en gardant des liens avec Société Générale.
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Aujourd'hui en pleine revue stratégie de ses actifs, Société Générale chercherait un repreneur pour sa néo-banque (selon des informations obtenues par Les Echos).
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En mars dernier, Shine annonçait pourtant 1,5 million d’euros de dépôts d'espèces et revendiquait 150 000 clients, contre 70 000 au moment de son rachat. Cette croissance est due notamment à l'ouverture récente à la clientèle des TPE.
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Aucun potentiel repreneur n'a pour l'instant été formellement identifié, même si plusieurs ont été approchés.
ENJEUX
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Une revue stratégique des actifs pour améliorer ses résultats : depuis l'arrivée de Slawomir Krupa à la tête du groupe en 2023, Société Générale est plongé dans une revue qui consiste à se recentrer sur ses activités essentielles et les plus rentables. Ce plan devrait déboucher sur une réduction des coûts de 1,7 milliard d'euros d'ici 2026 et la suppression de 500 postes dans ses activités françaises. La vente de Shine s'inscrirait dans cette même logique, bien que cette information n'ait pas encore été confirmée par les principaux intéressés. Shine fait en effet partie des nombreuses fintech avec lesquelles Société Générale a longtemps collaboré, dans une perspective double de Bank-as-a-Service et de Bank-as-a-Platform. Cette stratégie était incarnée par sa directrice Innovation, Claire Calméjane. Le départ tout récent de cette dernière pourrait également être le signal de ce changement de stratégie.
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Un marché de la néo-banque BtoB qui pourrait connaître une phase de concentration : de nombreux acteurs se sont lancés en même temps que Shine, comme Qonto ou Blank, Prismea, Memo Bank ou iBanfirst par exemple. Depuis, certains se sont renforcés, à l'image de Qonto, qui a multiplié les rachats et les partenariats, pour s'affirmer comme un hub à l'échelle européenne. D'autres en revanche ont fermé leurs portes. Enfin, de nouveaux acteurs sont apparus dans le paysage, à l'image de Pennylane, un acteur venu des services de comptabilité digitale. Le paysage concurrentiel devrait donc continuer d'évoluer.
MISE EN PERSPECTIVE
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Le marché de la néo-banque française a été marqué par de nombreux aléas ces derniers mois, en particulier s'agissant des acteurs alternatifs portés par de plus grands groupes. La Banque Postale cherche ainsi à se séparer de Ma French Bank pour limiter ses pertes.
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Orange souhaite pour sa part depuis des mois céder Orange Bank et envisagerait aussi de trouver un repreneur pour se séparer de sa néo-banque dédiée aux professionnels Anytime. Cette dernière était rentable au moment de passer sous le giron d'Orange mais aurait, depuis, cumulé les pertes (1,85 million en 2021 et 3,16 millions en 2022).
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BNP Paribas, avec Hello Bank! semble néanmoins tirer son épingle du jeu sur ce marché ultra-concurrentiel avec la potentielle reprise dans les mois à venir du portefeuille clients d'Orange Bank.