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Retour d'expérience : Fidor ferme ses portes, bilan de l'aventure de BPCE avec un pionnier de la banque en ligne

Fidor vient d'annoncer qu'elle fermait officiellement ses portes après une mise en liquidation judiciaire. Cet évènement clôt une aventure mouvementée de 14 ans pour un pionnier de la banque en ligne communautaire. Cet acteur très innovant, racheté en 2016 par BPCE, n'a jamais pu trouver sa place au sein du groupe. Lequel a depuis changé radicalement de stratégie pour se concentrer sur ses ressources internes, en capitalisant sur l'acquisition du champion européen Oney.

LES FAITS

  • Après sa mise en liquidation judiciaire, Fidor vient d'annoncer à ses clients allemands qu'elle fermait définitivement ses portes.
  • Cette décision est l'aboutissement d'un processus qui a duré quelques années depuis le rachat de la fintech par le groupe BPCE.
  • Créée en Allemagne en 2009, Fidor Bank était une fintech spécialisée dans la banque entre amis, dont l'un des produits phares était un livret d'épargne dont le taux était indexé sur le nombre de "likes" enregistrés sur Facebook. Une manière de mettre en avant les prémices d'une banque communautaire.
  • Fidor s'est ensuite étendue aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, forte de quelque 350 000 membres en Allemagne (125 000 clients).
  • L'offre de Fidor s'est ensuite diversifiée pour se concentrer sur 2 activités : l'une de prestataire BtoB d'open-banking (Fidor Solutions et sa plateforme FidorOS) et l'autre en direct auprès des clients finaux. Elle s'est en particulier très tôt intéressée aux crypto-actifs, en signant notamment un partenariat avec Kraken.
  • A son rachat en 2016 par BPCE, pour 150 M€, le projet était d'utiliser l'infrastructure en marque blanche de Fidor pour alimenter les solutions digitales de Banque Populaire et Caisse d'Epargne, mais aussi de lancer en direct la marque Fidor en France.
  • Aucune de ces deux pistes ne s'est finalement concrétisée, face aux nombreux obstacles à cette collaboration. Dès 2018, après avoir étudié un plan d'investissement massif (de 300 millions d'euros) pour diffuser Fidor en Europe, le groupe BPCE a finalement choisi l'option de vendre Fidor.
  • Sopra Banking Software s'est porté acquéreur de l'activité BtoB, quand le rachat de l'activité BtoC par le fonds Ripplewood a échoué.

ENJEUX

  • Un amarrage difficile pour des raisons culturelles : au moment de son rachat, Fidor Bank incarnait la nouvelle génération de fintech qui venaient challenger les banques sur leur territoire et faisait partie des acteurs les plus innovants, par sa vision et son positionnement. Un positionnement avant-gardiste (notamment sur les crypto-monnaies) qui s'est avéré un frein à la collaboration avec les équipes de la banque. Le manque d'adhésion des leaders des caisses régionales a aussi pesé sur les relations avec la Fintech qui n'a jamais pu trouver sa place au sein du groupe.
  • Un changement de stratégie au sein du groupe BPCE, incarné par le passage de relais entre François Pérol et Laurent Mignon. Suite à son changement de patron, le groupe a acté la vente de Fidor dans un contexte de changement interne. En 2019, BPCE a fait l'acquisition d'Oney pour en faire son bras armé de la banque digitale en Europe. Une ambition portée par la présence d'Oney dans 12 pays européens. Après une frénésie d'acquisitions en 2015 et 2016 (rachats de payplug, Dalenys, Depopass, Lepotcommun, e-cotiz, etc.), le groupe est désormais lancé dans une course à la rationalisation et au recentrage sur ses actifs internes. Après l'annonce de la fusion de PayPlug et Dalenys (sous la marque du premier), le groupe cherche à pousser une offre structurée autour de son nouveau pôle BPCE Digital & Payments.

MISE EN PERSPECTIVE

  • Le coût de cet échec partenarial est estimé à 230 millions d'euros pour BPCE, qui a dû recapitaliser Fidor à hauteur de près de 90 millions d'euros en 2018. Ce qui explique la décision prise rapidement en 2018 de vendre la fintech. Une situation qui n'est pas sans rappeler cette d'Orange Bank, dans laquelle Orange a dû investir massivement année après année, avant d'envisager sa cession.
  • Outre ses problèmes dans la collaboration avec BPCE, Fidor s'est aussi heurtée à des problèmes de conformité, lesquels ont abouti à une amende de 3,7 millions d'euros infligée par la Bafin en 2022.