PhonePe lève 100 millions de dollars pour une valorisation de 12 milliards de dollars

La société indienne de paiements numériques PhonePe a levé 100 millions de dollars supplémentaires dans le cadre d’un cycle en cours. Un nouveau tour de table qui lui permet de lever 450 millions de dollars supplémentaires malgré le ralentissement du marché. Le géant indien de la fintech gonfle son trésor de guerre après la récente séparation de la société mère Flipkart.
 

LES FAITS

• Créée il y a moins de 7 ans, Phone Pe a atteint une valorisation de 12 milliards de dollars. 

• Il est en concurrence avec Google Pay et Paytm qui est actuellement évalué à moins de 5 milliards de dollars.

• Son dernier tour de table rallie Ribbit Capital, Tiger Global et TVS Capital, qui ont injecté les nouveaux 100 millions de dollars dans la startup.

• PhonePe, soutenu par Walmart, a déclaré précédemment qu’il prévoyait de lever jusqu’à 1 milliard de dollars dans le cadre du cycle de financement en cours.

• Il est le leader incontesté du marché des paiements mobiles sur UPI avec environ 50% de toutes ces transactions. UPI est devenu le moyen le plus populaire pour les Indiens d’effectuer des transactions en ligne et traite plus de 8 milliards de transactions par mois.

• La société prévoit un chiffre d’affaires de 325 millions de dollars pour l’année civile 2022 et de 504 millions de dollars pour 2023.

ENJEUX

• L'élargissement de son modèle vers la distribution de produits bancaires...: PhonePe devient également lentement un moteur de distribution, tirant parti de la vaste base de 300 millions d’utilisateurs pour vendre des produits tels que l’assurance. Les experts de l’industrie estiment que la fin du jeu de PhonePe pourrait être de devenir une banque, ce qui, selon eux, justifie la valorisation élevée.

• ... ainsi que les transferts internationaux : La fintech a annoncé mardi qu’elle étendait la prise en charge des paiements internationaux UPI aux Émirats arabes unis, à Singapour, à Maurice, au Népal et au Bhoutan. « Les utilisateurs pourront effectuer des paiements en devises étrangères directement à partir de leur banque indienne - tout comme ils le font avec les cartes de débit internationales », a déclaré PhonePe dans un communiqué. Cette décision semble être la tentative de PhonePe de s'étendre sur le marché des changes, un domaine particulièrement attractif pour la fintech.

MISE EN PERSPECTIVE

• Lancé en 2016, UPI est le système indien de paiement en temps réel qui permet aux utilisateurs de transférer de l’argent directement d’un compte bancaire à un autre : d’un client à une entreprise, ou entre particuliers. UPI compte aujourd’hui 260 millions d’utilisateurs dans le pays aux 1,4 milliard d’habitants.

• Conçue comme une « infrastructure publique numérique » sous l’autorité de la National Payments Corporation of India (NPCI), UPI intègre plus de 300 banques auxquelles sont venues se greffer plus d’une soixantaine d’applications mobiles comme Google Pay, Amazon Pay, mais aussi les très populaires indiennes Paytm et PhonePe.

• Au cours des derniers mois, l’Inde a multiplié les accords avec des partenaires étrangers. Une trentaine de pays ont déjà exprimé leur intérêt pour UPI.

• Le dernier partenariat en date a été passé le 11 octobre 2022 avec Worldline. L’objectif est de faciliter l’acceptation d’UPI et de RuPay en Europe. Parmi les marchés cibles se trouvent la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse. Des collaborations similaires ont été mises en place au Royaume-Uni, aux Emirats arabes unis, mais aussi en France avec le réseau de paiement Lyra. Le paiement par UPI ne devrait néanmoins pas être disponible en France avant le premier trimestre 2023.

• L’Inde a aussi pour ambition d’exporter l’ensemble de son architecture numérique, appelée « India Stack ». Celle-ci comprend le système de paiement mobile UPI et une identification numérique des résidents, connue sous le nom de « Aadhaar » (« fondation », en hindi).

• En multipliant les partenariats internationaux, UPI pourrait devenir une solution de rechange au réseau interbancaire Swift, qui détient le monopole des moyens de communication bancaires.