EPI se relance et annonce le rachat de Payconiq et iDEAL
Le projet européen de paiement basé sur les rails du virement instantané, European Payments Initiative (EPI), vient d'officialiser ses projets à court terme, ainsi que le rachat de deux acteurs importants de la zone Benelux, Payconiq et Currence (à l'origine de la solution de paiement iDEAL). Ces deux acquisitions signent aussi le retour des banques néerlandaises au capital de l'EPI Company, via ABN Amro et Rabobank. D'abord imaginé comme un concurrent de Visa et Mastercard, EPI se donne une nouvelle feuille de route et se dote des moyens technologiques de développer une véritable solution pan-européenne de virement entre particuliers, avec une phase de test prévue à la fin de l'année.
LES FAITS
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Fin 2023, un portefeuille numérique pour les paiements de personne à personne sera déployé en phase pilote auprès des premiers utilisateurs en France et en Allemagne, avant un déploiement commercial courant 2024.
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Les utilisateurs pourront transférer de l'argent d'un compte bancaire à un autre, en quelques secondes. Cette option sera proposée en complément des virements traditionnels via l'application bancaire du client ou une application EPI dédiée sur son mobile.
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Pour mémoire, six grandes banques françaises (Crédit Mutuel, BNP Paribas, Crédit Agricole, La Banque Postale, BPCE et Société Générale) sont actuellement actionnaires du consortium, aux côtés du prestataire de services de paiement Worldline. Quatre nouveaux actionnaires viennent de rejoindre le pool, avec Belfius en Belgique, DZ Bank en Allemagne (qui avait quitté le projet il y a un an), ABN Amro et Rabobank aux Pays-Bas.
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Les paiements des artisans, puis les paiements en magasin seront la dernière étape du déploiement, en 2025. Le service d'EPI sera alors disponible dans 5 pays : France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Luxembourg.
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Le consortium a également annoncé le rachat de deux acteurs pour un montant non divulgué :
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Currence iDEAL (Pays-Bas)
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Payconiq International (PQI), une solution de paiement mobile par virement, qui avait fusionné avec Bancontact, le scheme carte belge.
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D'un point de vue technologique, les solutions nationales (notamment Paylib en France et iDEAL aux Pays-Bas) migreront progressivement vers la plateforme d'EPI.
ENJEUX
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L'enjeu du déploiement d'une solution de transfert d’argent instantané en Europe, une fonctionnalité clé pour EPI : cette solution est née de l'identification d'un besoin de solution de paiement européenne interopérable. Pour se relancer après l'abandon du projet de scheme carte européen, EPI mise sur les rails du virement instantané qui devrait permettre cette interopérabilité. Thierry Laborde, directeur général délégué de BNP Paribas, a souligné que la fonctionnalité permettra "d'installer des systèmes, des marques et des réflexes". L'installation de la marque et des usages sont en effet deux challenges qu'EPI devra relever pour séduire largement les utilisateurs. Pour cela, elle pourra s'appuyer notamment sur la forte présence d'iDEAL dans les pays d'Europe du Nord avec une base installée de 30 millions d'utilisateurs.
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Une ouverture aux professionnels dans un second temps : le service sera ensuite ouvert aux professionnels, au e-commerce et aux situations de paiement sans terminal (comme les QR codes, pour les services de location de vélos en libre-service par exemple).
MISE EN PERSPECTIVE
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Le système européen de cartes EPI, annoncé à l'été 2020, visait initialement à créer une nouvelle solution de paiement paneuropéenne intégrée pour concurrencer Visa et Mastercard.
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Le marché du paiement représente plus de 60 % du commerce électronique européen. Mais, les Européens, n'ont jamais pu encore rivaliser avec Visa ou Mastercard. Les acteurs ne veulent pas être complètement être éliminés du marché des paiements par de nouveaux entrants comme Apple Pay. Par ailleurs, Apple Pay, est toujours dans le collimateur de la Commission européenne, qui l'avait accusé l'an dernier, de pratiques non-concurrentielles.