La Nef vise l'indépendance pour accélérer dans la banque éthique

La Nef, coopérative financière qui évolue dans le giron du groupe BPCE, en tant que filiale du Crédit Coopératif, cherche aujourd'hui à gagner son indépendance. En 2015, elle obtenait une extension de son agrément de l'ACPR pour proposer des comptes épargne et ouvrir des comptes courants pour les professionnels. Aujourd'hui, l'enjeu est d'obtenir un statut bancaire à part entière et d'augmenter ses fonds propres pour s'affranchir totalement de son actionnariat et proposer des comptes et des moyens de paiement aux particuliers. Un projet qui la positionnnerait comme l'une des rares banques éthiques en France. 

LES FAITS

• La Nef a annoncé l'ouverture d'une campagne de mobilisation visant à lui permettre de lever 30 millions d'euros. Elle envisage de mobiliser ce financement afin de se constituer des fonds propres et d'obtenir un statut bancaire lui permettant de s'adresser aux particuliers, en tant que “nouvelle banque éthique indépendante” française.

• Cette campagne repose sur la mobilisation du plus grand nombre. La Nef propose en effet aux particuliers : 
  • des parts sociales (en capital) pour soutenir directement le projet de banque éthique indépendante et de développement de son activité de crédit, 
  • un livret pour “décarboner son épargne” (les fonds placés servant à financer des projets écologiques et sociaux), 
  • une liste d'attente pour s'inscrire et devenir les premiers clients de sa future offre de paiement. 

• Ce nouveau statut lui imposera de maintenir une collecte de capital sur les prochaines années, ce que la Nef s'engage à tenir. 

• La Nef envisage ainsi de devenir une véritable banque pour les particuliers en proposant, à terme, un compte et une carte de paiement. 

ENJEUX

• Se distinguer sur le marché des banques vertes et éthiques : La Nef cherche actuellement à s'émanciper du Crédit Coopératif pour s'offrir une nouvelle indépendance en devenant la première banque éthique de France. Elle veut capitaliser sur cette identité forte pour s'imposer sur un marché devenu très concurrentiel. Les banques qui se déclarent éthiques sont en effet légion. Face à cette profusion d'offres, démontrer l'authenticité de son engagement est un challenge qui pourrait réussir à La Nef, qui jouit d'une grande légitimité sur le marché.

• Etoffer son offre en s'adressant aux particuliers : son statut actuel lui impose d'être adossée à un établissement bancaire de taille plus importante pour exercer son activité de collecte d'épargne et de crédit. Un adossement qui garantit sa solvabilité et sa liquidité mais qui la limite aussi dans ses actions. D'où son ambition de devenir indépendante pour proposer une offre bancaire basique (compte et carte), comme nombre de néo-banques éthiques.

• Faire bouger les lignes : ouvrir son capital et une liste d'attente aux particuliers représente un moyen, pour la Nef, de s'assurer que les particuliers, ses futurs clients, s'impliqueront dans son déploiement. Cette mobilisation des particuliers, sociétaires, est même présentée par la Nef comme un mouvement baptisé Big Banque. La Nef surfe sur l'actualité liée à l'urgence climatique pour justifier de la pertinence de son positionnement en tant qu'alternative bancaire citoyenne, éthique et écologique. Des valeurs préexistantes qui viendraient de fait enrichir sa nouvelle offre bancaire.

MISE EN PERSPECTIVE

• La lutte contre le greenwashing est devenue le leit-motiv de nombre d'organismes qui poussent le secteur bancaire à plus de transparence. C'est dans ce cadre que va s'inscrire l'initiative de la Nef, face à des alternatives nombreuses mais dont l'action reste difficile à qualifier.

• En parallèle, et dans le même mouvement, quelques groupes bancaires ont fait le choix de devenir des sociétés à mission pour intégrer davantage de responsabilité à leurs offres.