ING ferme son agrégateur Yolt
Coup de tonnerre sur le marché des agrégateurs de comptes, alors que les services avaient tendance à se multipliées jusqu'ici, ING prend le contre-pied du marché en annonçant la fermeture de l'offre grand public de Yolt. Une fermeture qui prend des airs de réorientation stratégique, puisque la banque envisage tout de même de commercialiser les services de Yolt sous la marque Yolt Technology Services (YTS).
LES FAITS
- Yolt est une application mobile d'agrégation de comptes gratuite, proposant un service de suivi de ses finances personnelles. Plusieurs comptes bancaires, détenus auprès de banques différentes, peuvent être reliés à un compte Yolt.
- Le service était lancé en octobre 2016 au Royaume-Uni, et portait de vastes ambitions. Il comptait, dernièrement, près d'1 million d'utilisateurs.
- Mais contre toutes attentes, ING vient finalement d'annoncer que Yolt se concentrera désormais sur la croissance de Yolt Technology Services, sa plateforme technologique bancaire ouverte. Et ce au détriment de l'application Yolt destinée aux clients finaux, qui sera pour sa part tout simplement supprimée.
- ING fait par ailleurs savoir que les utilisateurs du service n'auront pas de démarche à opérer et que le groupe reviendra vers eux avant sa fermeture définitive.
ENJEUX
- Des motivations pas forcément très claires : ING justifie cet arrêt par son manque de succès commercial, alors même que Yolt était l'une des initiatives les plus précoces et abouties du marché provenant d'un établissement historique.
- Une réorientation stratégique : Le marché de l'open banking a évolué depuis 2016 et si les agrégateurs et l'interface client semblait être le "graal" à cette époque, les solutions qui s'imposent aujourd'hui sont davantage des solutions techniques, qui permettent d'interfacer des services financiers avec des offres tierces. C'est ce virage que YTS (Yolt Technology Services) souhaitent prendre.
MISE EN PERSPECTIVE
- En dépit de ces ambitions et du nombre de clients conquis par le service, Yolt aura finalement subi le retournement stratégique d'ING, aujourd'hui moins préoccupé par l'innovation que par la pérennité de ses activités.
- La banque néerlandaise étudie en effet, depuis juin dernier, la fermeture de ses activités de banques de détail en France. La question de conserver cette activité s'impose, alors qu'ING France affichait des revenus de 266 millions d’euros et des pertes avant impôts estimées à 46 millions d'euros en 2020 (contre un produit net bancaire de 17,6 milliards d’euros pour le groupe sur la période).
- Ultime déconvenue pour ING, après avoir racheté la FinTech de paiement Payvision en 2018, le groupe envisagerait aujourd'hui l'arrêt de sa filiale. Après l'avoir valorisée 360 millions d'euros au moment du rachat, ING dépréciait finalement Payvision à hauteur de 188 millions d'euros au second trimestres 2020. Le groupe souligne officiellement l'impact de la crise du Covid pour justifier cette décision.