Retour d'expérience : La moitié des banques suisses s'ouvrent aux cryptomonnaies

Le cabinet Suisse d'audit financier et de conseil EY (Ernst & Young), a publié son baromètre des banques 2022. Il souligne l'optimisme du secteur à l'aube de cette année 2022 et la confirmation d'une tendance de fond s'agissant de l'ouverture des établissements traditionnels aux crypto-actifs.

LES FAITS

• La majorité des banques suisses prévoient de proposer des produits de placement en crypto-monnaies. C'est le principal enseignement que tire le cabinet EY de son nouvel observatoire des banques 2022, s'agissant particulièrement du thème du marché crypto. Il a permis d'interroger 90 établissements bancaires. 

• 55 % des banques interrogées dans le cadre de cet observatoire ont ainsi précisé qu'elles prévoyaient de lancer une offre d'investissement dans les crypto-actifs dans les 3 prochaines années.

• Des dissensions existent néanmoins en fonction de la nature des banques :
  • les banques privées se montrent les plus matures sur le sujet puisque 68 % d'entre elles ont souligné leur intérêt pour ce type d'actifs numériques.
  • La proportion d'établissements prêts à offrir un placement en crypto-monnaies à leurs clients d'ici trois ans redescend en revanche à 50% pour les banques cantonales et à 48% pour les banques régionales.

• Plus globalement, 55 % des banques interrogées ont déclaré qu'elles pensaient que les crypto-monnaies allaient s'établir en tant que classe d’actifs à part entière (au même titre que les actions et les obligations) sur le long terme.

• 52 % des banques ont aussi déclaré qu'offrir des possibilités de placement en crypto-monnaies n'allait pas à l’encontre de leurs objectifs en matière de développement durable.

ENJEUX

• Un temps d'avance : Le marché suisse s'ouvrait à l'ère des crypto-banques dés 2019 et a été choisi comme lieu de résidence par l'association Diem. La banque espagnole BBVA a par ailleurs choisi ce pays pour y tester une plate-forme commerciale d'achat, de vente et de conservation des actifs numériques. Elle renforçait d'ailleurs récemment son dispositif.

• Une évolution à suivre : L'engouement pour les crypto-actifs est lié à celui des clients et à l'ambition de proposer des placements à forte croissance potentielle. Il n'en reste pas moins que la Banque des règlements internationaux (BRI) exige des fonds propres plus élevées sur les crypto-actifs détenus par les banques.

• Une stratégie bipolaire : Même si la durabilité reste un enjeu majeur pour la majorité des banques, 54 % sont d’avis qu’offrir des possibilités de placement en cryptomonnaies ne va pas à l’encontre de leurs objectifs en matière de développement durable.

MISE EN PERSPECTIVE

• La Suisse était l’un des premiers pays au monde à codifier les actifs digitaux en droit national, après avoir mis en œuvre l'an dernier la première phase de la loi dite ‘blockchain’. La Finma, l'organe de règlementation des activités financières avait aussi été la première à créer un statut d'établissement spécifique pour règlementer les activités crypto.

• L'exemple de la Suisse est à suivre car il souligne une tendance de fond prenant de l'ampleur à l'échelle mondiale. En novembre 2021 d'ailleurs, c'est en Australie que Commonwealth Bank devenait la première banque de son pays à proposer un service de trading de crypto-actifs. La banque italienne Banca Generali a par ailleurs investi dans la FinTech Conio afin de proposer des produits cryptos.

• La valeur de marché du total des crypto-actifs en circulation a dépassé les 2 000 milliards de dollars en septembre 2021, soit 10 fois plus que début 2020. Le fonds Monétaire International fait état de cet essor exponentiel et des enjeux de désintermédiation pour les banques centrales et les banques commerciales. Il souligne l'importance, pour les autorités, d'émettre des monnaies numériques de banque centrale et la nécessite de s'adapter aux technologies pour éviter la disruption.