Retour d'expérience : Adyen paye cher une stratégie risquée
Alors qu'Ayden avait annoncé une stratégie à contre-courant du marché en début d’année, il vient finalement de plonger en bourse après l’annonce de ses résultats semestriels jugés décevants. Le prestataire de services de paiement néerlandais a souffert au premier semestre du ralentissement de la croissance et de la concurrence aux États-Unis. Les ventes ont continué de croître, mais les marges bénéficiaires ont diminué. Adyen a récemment chuté de plus de 38 % en bourse.
LES FAITS
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Affecté par l'inflation américaine et la hausse des taux d'intérêt, Adyen a déçu les investisseurs en perdant plus de 38 % à la bourse d'Amsterdam.
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La stratégie d'Adyen de continuer d'embaucher de manière agressive dans une conjoncture de marché complexe n'a pas été bien accueillie par les investisseurs, qui s'attendaient à une rentabilité plus élevée et des résultats supérieurs à ceux publiés par le PSP.
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Chiffres-clés S1 2023 :
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La valorisation est passée de 45,6 milliards d'euros mercredi à 28 milliards d'euros à la clôture de la bourse. Ce qui reste supérieur à la valorisation de Société Générale à 21 milliards de dollars.
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+ 21 % de son chiffre d'affaires à 739,1 millions d'euros (en dessous des attentes du groupe à 25 %).
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Un résultat brut d'exploitation de 320 millions d'euros au S1 (vs 356,3 millions à A-1, soit une baisse de 10 %).
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Une marge d’excédent brut d’exploitation à 43 % (vs 59 % au S1 2022) et bien en dessous des 48,6 % attendus par les analystes interrogés par Bloomberg.
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+ 23 % pour les volumes de paiements traités par Ayden à 426 milliards d’euros (mais qui ont nettement ralenti par rapport aux 60 % à A-1).
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La croissance a été tirée par le paiement en magasin (67 milliards d’euros, en hausse de 49 % sur un an)
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ENJEUX
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Un ralentissement du marché américain et une forte intensité concurrentielle : Adyen explique que dans un environnement d'inflation et de hausse des taux d'intérêt, les retailers se concentrent sur l'optimisation des coûts, ce qui a été particulièrement visible aux Etats-Unis, un marché important pour Adyen. L'acteur a notamment souffert de la concurrence sur les prix, avec PayPal par exemple.
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Une baisse de la rentabilité pourtant assumée par Adyen, mais sanctionnée par les investisseurs : après avoir embauché plus de 1 000 personnes l'année dernière, Adyen a encore embauché 551 personnes au S1, et compte désormais 3 883 collaborateurs dans le monde. Malgré l'annonce des résultats, Adyen prévoit d'embaucher encore au moins 500 personnes supplémentaires cette année avant de ralentir en 2024. Une stratégie à contre-courant des concurrents comme Stripe, qui embauchaient massivement pendant la crise sanitaire, mais qui ont été contraints de licencier fin 2022.
MISE EN PERSPECTIVE
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Sur la base du volume de transactions traitées, Adyen reste dans le top 10 des plus grands acquéreurs européens, avec des acteurs tels que Nexi, Worldline et Barclay's redéployant la carte parmi les grands acquéreurs bancaires et les nouveaux entrants.
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Dernièrement, PayPal fait encore parler de lui. PayPal vient de lancer son propre stablecoin indexé sur le dollar en août. Après Meta (avec Libra) et Casino (Lugh), PayPal est le seul acteur privé à émettre son propre stablecoin. PayPal a clairement démontré son ambition de démocratiser les stablecoins pour les paiements quotidiens.