BNP Paribas investit dans la startup Phenix pour lutter contre le gaspillage
L’ONU alerte sur le fait que 20% de la nourriture part à la poubelle chaque année dans le monde (soit près d’un milliard de tonnes de nourriture). Et pour lutter contre ce fléau, une banque française, BNP Paribas, a choisi de soutenir une start-up spécialisée : Phenix. Estampillée ESUS (Entreprise solidaire d'utilité sociale), cette dernière propose de développer des solutions anti-gaspillage, sur le modèle de son concurrent Too Good To Go. Dans le contexte inflationniste, finance verte et consommation responsable vont de pair.
FAITS
- La start-up Phenix, fondée par Jean Moreau, propose un socle de solutions technologiques pour gérer les invendus alimentaires et non-alimentaires :
- une plateforme digitale de mise en relation des acteurs de la chaîne,
- un outil de traçage des dates courtes,
- une application de vente de paniers d’invendus à des prix réduits,
- un accompagnement opérationnel des acteurs pour optimiser leur gestion de stock et réduire le gaspillage,
- la gestion logistique et administrative du don des invendus aux associations.
- Phenix se finance grâce à un statut d'intermédiaire permettant aux grandes surfaces d'éviter la destruction de ces produits. En 2019, elle lançait aussi une application mobile permettant aux particuliers d’acheter des paniers invendus auprès des commerces.
- Phenix s'adresse finalement à l’ensemble des parties prenantes du processus de production, transformation, transport et stockage, distribution puis consommation individuelle et collective pour réduire le gaspillage (industriels, producteurs, grossistes, grande et petite distribution, restauration collective, commerces de bouche, consommateurs et associations).
- Pour assurer son développement, Phenix peut notamment compter sur BNP Paribas. La start-up vient en effet de réaliser une levée de fond de 15 millions d’euros auprès de BNP Paribas Solar Impulse Venture et BNP Paribas Social Business Impact (pour 10 millions d'euros), du groupe bancaire suisse Lombard Odier (pour 2 millions d'euros) et complétée par ses investisseurs historiques (Inco Ventures, ETF Partners, Danone Manifesto Ventures et le fond Ville de demain).
ENJEUX
- S'imposer à l’échelle européenne : Phenix opère sur un secteur marqué par la concurrence du danois Too Good To Go. Fondé par Lucie Bash en 2016, ce service est aujourd'hui très populaire en France pour avoir attaqué le marché B2C dès sa création, contrairement à Phenix qui s'est cantonné au segment B2B, une verticale plus rentable, jusqu’en 2019. Grâce à sa levée de fond Phenix compte désormais :
- se renforcer dans les pays déjà couverts : en France, Espagne, Portugal, Belgique et Italie (la start-up tricolore avait racheté son concurrent italien MyFoody pour 3 millions d'euros, en 2021 pour accélérer son développement dans le pays),
- viser la rentabilité pour l’année 2023,
- franchir la barre des dix millions de téléchargements de son application d’ici 2024,
- passer la barre du milliard de repas sauvés d’ici 2027.
- Placer l’économie circulaire et le zéro-déchet comme nouveau standard marché : L’Europe jette 88 millions de tonnes de nourriture chaque année (dont 10 millions en France). Ces déchets représentent une perte de 16 milliards d’euros de produits consommables selon ADEME. De grands progrès restent donc à faire sur ce thème, et BNP Paribas s'engage à y participer en soutenant aujourd'hui une entreprise à impact.
- Une stratégie de fond : Phenix reçoit, depuis les débuts de son activité, le soutien d'Act For Impact by BNP Paribas. Aujourd'hui, le groupe bancaire renforce son engagement en passant par BNP Paribas Solar Impulse Venture, son fond né d’un partenariat entre BNP Paribas et la Fondation Solar Impulse et dédié au soutien des start-up agissant en faveur de la transition écologique.
MISE EN PERSPECTIVE
- L'inflation et la baisse du pouvoir d'achat des Français est porteur pour les solutions anti-gaspi. En France par exemple, le budget moyen d’un étudiant s’élève à 635€. Et au-delà des solutions anti-gaspi, les FinTech tentent également d'adresser cette problématique. C'est le cas de Moneybounce une Fintech qui a vu le jour en France en pleine pandémie. Elle permet aux étudiants d'accéder à des micro-crédits financés par des particuliers.
- Du côté des banques, BNP Paribas veut notamment conforter son positionnement dans la transition écologique en soutenant le marché de la Tech For Good. Le groupe bancaire a ainsi signé un partenariat avec la start-up suédoise Dreams pour lancer une offre d’investissement respectueuse du climat et avait par ailleurs intégré le calculateur Greenly à ses offres Hello Bank! et BNP. Ce nouvel investissement dans Phenix s’inscrit dans la même démarche dédiée au soutien des entreprises agissant en faveur de la transition écologique.