La cession d'Orange Bank redevient prioritaire pour le groupe Orange

A deux semaines du dévoilement de son plan stratégique, la nouvelle dirigeante du groupe Orange a communiqué sur le dossier de cession d'Orange Bank, qui continue de peser sur les bénéfices du groupe depuis 2017. Quatre repreneurs potentiels sont officiellement sur les rangs pour acquérir cette néo-banque dotée d'un actif de 2,6 millions de clients.

LES FAITS 

• La néo-banque visait à apporter un complément d'activité aux télécommunications, influencé par le succès d'Orange Money en Afrique. Ainsi, dès 2017, Orange a racheté des parts de Groupama Banque pour mettre en œuvre son projet.

• Cependant, depuis son lancement, la néo-banque a connu des difficultés techniques et peine à s'implanter sur un marché ultra-concurrentiel, où la rentabilité est difficile à atteindre.

• Depuis sa création, Orange Bank a perdu près de 880 millions d'euros, justifiant le souhait du groupe de s'en défaire.

• Suite au changement de direction du groupe, Orange aurait donc contacté la banque d'affaires Lazars pour lui trouver un repreneur. Trois grandes banques françaises sont à nouveau sur les rangs (BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole). Le fonds américain Cerberus, qui détient principalement My Money Bank serait également intéressé, alors que Santander s'est officiellement désistée.

• Les offres financières devraient être émises en mars.

ENJEUX 

• Un enjeu pour la plupart des acteurs, renforcer son activité de banque en ligne (Boursorama pour la Banque Société Générale, Hello bank! pour BNP Paribas et BforBank pour Crédit Agricole). Orange Bank compte près de 2,6 millions de clients, un chiffre qui justifie l'intérêt qui lui est porté, malgré la difficulté à trouver la rentabilité et potentiellement à intégrer plus de 900 collaborateurs.

• Mais des stratégies très distinctes :

  • Une occasion pour Boursorama Banque d'être de taille critique à hauteur des banques traditionnelles : l'an dernier, Boursorama Banque avait déjà négocié le rachat des clients d'ING France, grâce auquel plus de 300 000 nouveaux clients se sont ajoutés en quelques mois. La première banque en ligne de France avec 4,3 millions de clients (à fin septembre 2022) pourrait atteindre une taille critique en reprenant Orange Bank.

  • Pour BNP Paribas, le rachat pourrait présenter un gros challenge : Hello Bank! ne compte que 750 000 clients en France et l'enseigne mise beaucoup sur la qualité de la relation client ; le groupe donne donc la priorité à la croissance organique.

  • Pour Cerberus, ce serait l'opportunité de consolider son portefeuille, après le rachat de l'activité de banque commerciale d'HSBC.

MISE EN PERSPECTIVE

• En 2021, la première vente informelle de l'établissement a échoué car Stéphane Richard restait un fervent défenseur de cette filiale qu'il a créée et pour lequel il recherchait des synergies avec le groupe.

• Santander (Banque Espagnol) voulait participer au tour de table d'Orange Bank, pour compléter ses opérations en Espagne, notamment en utilisant des synergies avec les systèmes informatiques modernes sur lesquels Santander pouvait s'appuyer pour la migration des technologies d'Orange Bank. Mais sa présidente, Ana Botin, a officiellement écarté cette possibilité lors de la présentation annuelle des résultats jeudi dernier.