JPMorgan se lance dans la bataille de l’intelligence artificielle

La banque américaine JPMorgan a été l'une des premières à proposer un outil basé sur l'intelligence artificielle pour décrypter les commentaires des banquiers centraux. Sur un marché où l'anticipation est clé, savoir décrypter en avance de phase les conséquences des décisions des banques centrales est un véritable "game changer". La banque espère bien capitaliser sur cette avance en étant la première à se lancer.

LES FAITS 

• L'IA de JP Morgan a pour objectif d'interpréter rapidement les intentions de la Fed, de la BCE ou de la Banque d'Angleterre pour ajuster les décisions en matière de trading et les directives stratégiques de l'entreprise. JPMorgan a déclaré, "Dans la mesure où être le premier sur le marché est important pour un trader, un algorithme, se révélera d'une valeur considérable". 

• Début avril, deux chercheurs de la Fed de Richmond ont démontré pour la première fois l'intérêt des modèles de type ChatGPT pour aider à décoder la politique monétaire. 

• Avec son nouveau moteur d'IA, JPMorgan examine des centaines de discours pour isoler des phrases connexes et corréler des qualificatifs (plutôt accommodant ou "colombe", ou plutôt restrictif ou "faucon") : ainsi, la banque est capable d'anticiper les conséquences économiques de ces discours à l'aide de ces corrélations.

• Selon JPMorgan, 3 000 à 4 000 phrases étiquetées par des humains ont été nécessaires pour former le modèle. Il mesure l'évolution des positions de la banque centrale et donne des signaux importants sur l'évolution des taux d'intérêt. La banque corrèle également les positions des différentes banques centrales avec les variations des taux de change.

ENJEUX 

• L’IA une alliée de taille pour la finance : les retombées économiques sont énormes et les professionnels sont incités à investir dans ce domaine. Cette IA est conçue pour fournir aux clients des rapports et des données en temps réel pour prendre de meilleures décisions. De plus, les données nécessaires pour apprendre à l'IA sont facilement disponibles chez JPM, avec des archives de plus de 25 ans. Les discours des banquiers centraux sont disponibles sur Internet, avec des archives américaines, britanniques et européennes datant de la fin des années 1990. Par exemple, pour la BCE, 2 757 discours sont disponibles, le plus ancien remontant à 1997.

• Un outil en perpétuelle évolution : après la Fed, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne, JPMorgan a l'intention d'étendre rapidement ses outils à plus d'une trentaine de banques centrales tout en continuant à affiner son intelligence artificielle.

MISE EN PERSPECTIVE 

• Récemment, un autre exemple spécifique a montré l'intérêt de l'IA dans la finance, via Bloomberg qui met au point ChatGPT dans le domaine de l'information financière.

• Notons également, dans l’actualité de la banque, qu'à l’issue d’une procédure d’appel d’offres, JP Morgan Chase reprendra l’ensemble des dépôts et l’essentiel des actifs de la banque californienne First Republic Bank, qui vient d'être déclarée en faillite.

• OpenAI est venu bousculer le marché de l’IA, par le biais de ChatGPT, mais les GAFA comptent bien reprendre le contrôle sur ce potentiel. A l’instar, du changement stratégique de Méta (à l’origine pour le métavers) vers l’IA. Ou encore l’entrée de Hugging Face créé par trois Français pour concurrencer ChatGPT.

• Le fonds souverain norvégien demande une supervision publique de l'IA : engagé dans la révolution de l'IA. Le fonds souverain norvégien est favorable à une régulation publique de l'IA. Le fonds devrait, par ailleurs, publier en août un ensemble de normes qu'il espère voir respectées avant la mise en œuvre de régulation publique de l'IA.