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  • Allemagne

Retour d'expérience : pourquoi October replie son activité en Allemagne

Lorsqu'October a lancé son activité de prêts alternatifs en Allemagne en 2019, celle-ci s'appuyait sur le fait que cette activité était peu développée dans ce pays et qu'aucun acteur n'avait encore émergé. La structure du marché allemand composée de nombreuses PME et ETI en faisait par ailleurs un marché prometteur. Cependant, c'était sans compter avec la spécificité des banques régionales, ni le durcissement des conditions de financement qui se cumulent avec la crise économique.

LES FAITS

  • L’Allemagne est un pays relativement surbancarisé qui compte plus de 1600 banques, principalement réparties entre deux grandes organisations régionales. Pour ces banques, le défi est celui de la digitalisation : elles ont du mal à suivre le rythme des évolutions réglementaires et leur développement n’a pas suivi l’évolution des besoins de leurs clients.

  • Il existe quelques plateformes de financements alternatifs dédiées aux PME en Allemagne, parmis lesquelles Auxmoney, Creditshelf, Funding Circle et et Kapilendo [maintenant Invesdor]. Le montant des prêts aux entreprises via les places de marché allemandes s’élevait à 11,4 milliards d’euros en 2021 selon l'association des plateformes de prêt allemandes (VdK) ; ce qui reste très minime comparé au volume total du marché qui s’éleve à 150 milliards d’euros.

  • C'est dans ce contexte qu'October, après deux ans de présence sur le marché allemand, a pris la décision de se replier et d'y arrêter son activité en direct. Elle se concentrera désormais sur son activité en partenariat avec d'autres fintech.

  • La Fintech n'a réussi à transformer que 78 projets de crédit, sur les 3 518 financés par October en Europe, pour un montant global de près de 812 millions d'euros.

  • Signalons enfin que les Allemands sont très sensibles aux prix. Ils s’arrêtent généralement sur les coûts les plus visibles, à savoir le taux d’intérêt. Par conséquent, les prêts bancaires en Allemagne bénéficient généralement de taux d’intérêt sont très bas et les marges des banques sont donc faibles.

ENJEUX

  • Un contexte régional très spécifique : Le marché des PME allemandes est un marché attractif (3,5 millions de PME), mais difficile. En effet, les PME allemandes sont encore très peu numérisées. Elles sont aussi très liées à leur banque locale dans la relation. Il est donc difficile d'acquérir de nouveaux clients, une difficulté à laquelle s'est fortement heurtée October, qui s'adresse essentiellement à des entreprises dont le CA est inférieur à 20 M€. L'autre grand obstacle à l'entrée sur le marché allemand est son encadrement réglementaire ; le pays a introduit des spécificités qui vont au-delà de la législation européenne sur la protection des données (RGPD) ou le blanchiment, deux facteurs qui ont compliqué la tâche de la Fintech française.

  • Un retour à l'embedded finance pour October : En Allemagne, ses services ne seront désormais proposés qu'à travers l'interface logicielle de ses partenaires (API), des néo-banques, comme Qonto ou Agicap ou d'autres entreprises s'adressant aux PME. Avec un modèle de finance embarquée, October contourne également l'obstacle réglementaire.

MISE EN PERSPECTIVE

  • En juin, October, en tant que leader français du marché, a racheté son concurrent Credit.fr au fonds d'investissement Tikehau Capital. Credit.fr est la deuxième plus grande plate-forme de prêt pour les PME françaises en termes de volumes. La nouvelle entité représentera ainsi plus de 860 millions d’euros prêtés à 3 100 entreprises européennes.

  • La digitalisation à marche forcée des PME allemandes attire également des acteurs de l'affacturage comme les fintech Billie et Mondu qui ont récemment levé des fonds auprès d'acteurs importants pour digitaliser cette activité du paiement fractionné BtoB.

  • D'autres acteurs français se sont heurtés aux mêmes difficultés sur le marché allemand. C'est le cas par exemple de Qonto, qui s'adresse également aux PME. Pour s'implanter durablement en Allemagne, elle a racheté Penta, son principal concurrent, déjà très bien implanté auprès de cette cible.