EPI recentre ses ambitions
Le projet de l'European Payment Initiative (EPI) était à l'origine présenté comme un nouveau scheme de paiement européen et un levier d'harmonisation et de numérisation des paiements en Europe. Après plusieurs défections, le quorum n'étant plus suffisant, la décision a été prise de redimensionner le projet et de sortir le volet carte. Le schème de carte européen ne verra donc pas le jour.
LES FAITS
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EPI renonce donc à porter un système de paiement par carte européen, capable de concurrencer Visa ou Mastercard.
- Le projet n'est néanmoins pas abandonné puisqu'il doit désormais se concentrer sur le second volet de ses ambitions concernant :
- le lancement d'un porte-monnaie numérique (Wallet) européen, visant à terme à intégrer l'Euro numérique,
- la création d'une solution de paiement instantané commune.
- Cette décision découle des abandons de certains participants (allemands et espagnols) ; avec une trentaine de membres initialement prévus, EPI rassemble désormais 13 participants tous actionnaires du projet :
- les grandes banques françaises (Crédit Mutuel, BNP Paribas, BPCE, Société Générale, La Banque Postale et Crédit Agricole),
- une banque allemande (Deutsche Bank),
- l'organe central des caisses d'épargne allemandes,
- une banque belge (KBC),
- une banque néerlandaise (ING),
- une banque espagnole (Santander),
- les deux principaux services d'acquisition européens : Worldline et Nexi/Nets.
- De premiers cas d’usage opérationnels pour EPI sont prévus dès 2023.
ENJEUX
- Réduire les coûts : Le volet carte et le projet de scheme européen représentait la partie la plus coûteuse du projet EPI, mais aussi la plus problématique. Des dissensions sur la répartition de l'engagement financier avaient notamment débouché un report du projet qui devait finalement être présenté en ce début d'année. Un report qui se transforme donc finalement en annulation pour tout un volet d'EPI.
- Pallier les défections : Déjà engagées dans Bizum, qui ne cache pas des ambitions paneuropéennes, les banques espagnoles ont quitté le projet. Le départ de la DZ Bank allemande n'aura finalement pas aidé non plus à conserver l'unité indispensable à la promesse d'interopérabilité qui fait l'essence même du projet EPI.
MISE EN PERSPECTIVE
- La directrice générale de l'European Payment Initiative (EPI) Martina Weimert a souligné sa déception à l'annonce de la suppression du volet carte du projet. D'autant que l'Europe travaille ardemment à conserver sa souveraineté dans le paiement, face à la menace des crypto-actifs, des tensions géopolitiques ou encore de la domination des schemes américains.