Revolut se lance dans le crédit à la consommation en France
Revolut fait partie d'une génération de FinTech très prometteuses, aujourd'hui rattrapées par la réalité des exigences du marché, que ce soit en matière de conformité ou de rentabilité. Frappée par une nouvelle baisse de sa valorisation, la néo-banque britannique contre-attaque en présentant des objectifs néanmoins très ambitieux, en termes de diversification autant que de captation clients. Rien de moins que tripler le nombre de ses clients en 2 ans et concurrencer Boursorama Banque en France via le lancement d'une offre de crédit conso.
LES FAITS
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Pour remplir ces ambitions, il est essentiel pour Revolut de ne plus faire figure de néo-banque alternative. Il s'agit aujourd'hui de convaincre ses clients de domicilier leur salaire sur ses comptes, afin de devenir la banque principale d'une part aussi importante de son portefeuille clients que celle des banques traditionnelles.
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C'est aussi pour cette raison que Revolut se lance dans le crédit à la consommation, généralement réservé aux banques de plein exercice. La FinTech communique d'ailleurs largement sur son ambition de s'imposer comme un acteur bancaire à part entière.
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Pillier de son expansion, Revolut prévoit en effet de concurrencer les acteurs traditionnels de la banque sur le terrain du crédit. La FinTech envisage ainsi de proposer prochainement des crédits à la consommation.
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Les clients français de la néo-banque pourront emprunter des fonds à partir du 30 mai 2023.
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Conditions de l'offre :
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Montants : entre 1 000 et 50 000 euros
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Durée de remboursement : entre 3 et 84 mois
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TAEG : de 3,9 à 21,12%, sans frais d'ouverture de compte.
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ENJEUX
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Une internationalisation qui ne faiblit pas : Revolut continue sa conquête du monde à marche forcée. Elles'est récemment lancée au Brésil et vise désormais l'Inde et la Nouvelle-Zélande.
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Continuer d'augmenter son portefeuille clients : Revolut souhaite officiellement s'imposer comme la première banque en nombre d’utilisateurs dans les 31 pays européens où elle propose actuellement son offre. Elle estime être capable de couvrir les besoins de 100 millions de clients d'ici 2025, contre près de 30 millions de clients aujourd'hui.
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Le défi d'une diversification à l'échelle locale : Outre le crédit à la consommation, qui reste une ambition de longue date, déjà développée localement par la FinTech, Revolut envisage par la suite de proposer d'autres produits nécessaires pour s'imposer comme banque principale. C'est en particulier le cas du prêt immobilier qui, en France, est incontournable pour fidéliser la clientèle des accédants à la propriété. Mais c'est aussi celui de l'épargne, qui pose le problème de la diversité des réglementations locales, notamment lorsqu'il s'agit des livrets d'épargne réglementés. Le défi est donc de taille pour la néo-banque qui s'attaque à tous les fronts en même temps, en misant essentiellement sur les économies d'échelle générées par sa présence sur de très nombreux marchés.
MISE EN PERSPECTIVE
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Le début de l'année 2023 a été marqué par d'importants aléas pour Revolut. La FinTech a présenté ses résultats avec plusieurs mois de retard, face à l'impossibilité pour son cabinet d'audit de certifier les comptes. Ces derniers faisaient état de premiers bénéfices pour la néo-banque, avec des revenus en croissance de 34 % en un an, à 850 millions de livres sterling. Elle fait aussi face au départ tout récent de son directeur financier, qui n'est pas sans rappeler la fuite du top management qu'a connue N26.
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En France, Revolut compte 2,3 millions de clients, d'où son ambition de se comparer à Boursorama, qui affiche 4,7 millions de clients. Il s'agit du 5ème marché de la néo-banque en nombre de clients, et du 2ème en termes de croissance, derrière le Royaume-Uni. Avec une captation moyenne de 100 000 clients par mois, elle devrait rapidement atteindre les 3 millions de clients dans l'Hexagone.
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La diversification souhaitée par Revolut va bien au-delà du secteur financier, puisque la néo-banque ne cache pas son ambition de devenir une véritable super-app, sur le modèle asiatique. A cet effet, elle a déjà lancé une plateforme d'hébergement touristique (Stays) et, plus récemment, une offre de réservation d'activités touristiques (Experiences). Des activités de cross-selling qui devraient lui permettre d'accélérer sa rentabilisation.