Retour d'expérience : Revolut, pour la première fois dans le vert
La fintech britannique Revolut, qui dispose d’une licence bancaire en Europe et cherche à obtenir la même reconnaissance au Royaume-Uni, a réalisé son premier bénéfice annuel en 2021, selon la publication de résultats annuels qui intervient avec plusieurs mois de retard. Le doute plane toujours sur l'acteur face aux avertissements de son auditeur sur les comptes 2021, rappelant à quel point la conformité est un sujet non encore résolu pour beaucoup de ces Fintech.
LES FAITS
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Après une perte de près de 224 millions de livres en 2020, la fintech britannique obtient enfin un profit net de 26,3 millions de livres en 2021.
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Son chiffre d'affaires, lui, a presque triplé, passant de 220 millions de livres sterling en 2020 à 636 millions de livres.
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La marge brute est passée de 33 % en 2020 à 70 % en 2021.
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Enfin, la néobanque a vu son nombre de clients augmenter de 50 % entre 2020 et 2021.
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Revolut s’est vu octroyer une licence européenne complète en 2021 par la BCE, et propose désormais des services bancaires dans 30 pays européens. Elle est présente aux Etats-Unis, au Japon, en Australie ou encore à Singapour.
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Elle prévoit de lancer ses activités dans plusieurs nouveaux pays cette année, notamment en Nouvelle-Zélande, au Brésil, au Mexique et en Inde. Elle souhaite obtenir une licence au Royaume-Uni, qui lui ouvrirait les portes de ces nouveaux marchés.
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Pour 2022, quelques résultats ont déjà été publiés : un chiffre d’affaires de 850 millions de livres (+ 30 %) et la captation de 9 millions de nouveaux clients (+ 54 %).
ENJEUX
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Un retard lié à des déficiences dans le processus de contrôle : Selon la presse britannique, Revolut a tardé à publier ses résultats à cause de pressions du régulateur pour améliorer ses contrôles internes après des failles importantes dans l’audit de ses comptes par le cabinet BDO. Le régulateur comptable britannique (FRC) avait pointé dans un rapport en juillet dernier les défaillances de l’audit des comptes d’un « fournisseur de services financiers », sans le nommer, mais qui faisait référence à Revolut, selon des informations du Financial Times.
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Une activité boostée par l'adoption de nouveaux usages numériques : Revolut a vu son nombre de clients particuliers exploser. Elle en revendique à ce jour plus de 27 millions, « soit plus du double qu'au début de l'année 2021 ». Elle a pour cela bénéficié de l'accélération du passage aux services numériques favorisé par les confinements successifs. Elle a successivement lancé plusieurs options payantes à côté de son offre initiale de compte courant gratuit, dans une volonté de rentabilisation commune à l'ensemble des néo-banques généralistes européennes.
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...Et par le trading de cryptomonnaies : Son activité de trading de cryptomonnaies , lancée en 2017, a représenté près d'un tiers de ses revenus en 2021. Cependant, marqués par l'effondrement du marché et la faillite de FTX, l'une des plus grosses plateformes de cryptos au monde, les revenus de cette activité-clé de Revolut ont diminué en 2022 selon Reuters (ils ne comptent plus que pour 10 % des revenus de la banque).
MISE EN PERSPECTIVE
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Revolut a annoncé le lancement d'un nouveau service baptisé « Shops ». Il permet aux utilisateurs de rechercher et de parcourir les produits des plus grandes marques dans l’application Revolut. Ceux-ci incluent des favoris locaux (allant de John Lewis et MyProtein à Boots et Co-op), des commerçants internationaux (comme Amazon, ASOS et Wish) et les boutiques en ligne de grandes marques (notamment Nike, Charlotte Tilbury et des acteurs de la mode de luxe).
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Revolut Shops récompense les utilisateurs avec jusqu’à 3 % de cashback instantané pour chaque achat effectué chez les marchands éligibles, à condition qu’ils commencent leur parcours d’achat à partir de l’application Revolut et paient avec leur carte Revolut en totalité. Par ce mouvement, la néo-banque affirme un virage stratégique similaire à celui déjà effectué par Klarna avec son application mobile de shopping.