Retour d'expérience : Klarna signe les plus grosses pertes de son histoire en 2022
Klarna, la fintech suédoise la plus valorisée d'Europe, boucle l'année 2022 avec une perte de 940 millions d'euros. Mais la société s'attend à réaliser des bénéfices en 2023 après avoir réussi à réduire ses coûts au cours du 4ème trimestre 2022. Le résultat d'une stratégie de retour à la profitabilité qui passe par une évolution de son modèle économique, une réduction de ses effectifs et un accent mis sur sa super-app. Une série de choix qui pourraient à terme s'avérer payants.
LES FAITS
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En 2022, Klarna a enregistré des pertes s'élèvant, à 10,4 milliards de couronnes suédoises (940 millions d'euros), soit 47 % de plus que l'année précédente.
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Sa valorisation est passée de 46 milliards en 2021 à 6,7 milliards en juin 2022, soit une baisse de 85 %, dans une période très tourmentée pour la fintech.
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Elle a aussi connu une forte croissance de son volume annuel brut de transactions, passé de 689,1 milliards de SEK à 837,3 milliards de SEK.
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Klarna a également réussi à réduire ses coûts au T4 2022 : la fintech a annoncé en mai dernier la suppression de 700 postes, soit 10 % de ses effectifs.
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Sa perte nette s'est réduite à 182 millions de dollars au T4 2022, contre 441 millions de dollars à la même période en 2021.
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Enfin, Klarna annonce enregistrer 150 millions de clients dans le monde.
ENJEUX
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Un effet post-covid : comme d'autres entreprises de l'e-commerce, Klarna a profité de l'accélération liée à la pandémie de Covid-19 avant d'être frappée par l'effondrement du secteur de la tech et de la pression réglementaire mise sur le marché du paiement fractionné. Mais la société suédoise affirme qu'elle est sur la bonne voie pour retrouver un résultat positif dès 2023, ce que semble confirmer l'évolution de ses pertes dans le temps, depuis fin 2021. Il faut dire que l'entreprise a mis un frein à sa croissance, notamment à l'international ; elle a également travaillé son modèle de rentabilité, en ajoutant par exemple des pénalités de retard de remboursement au Royaume-Uni, pour limiter les impayés et tirer son modèle vers des comportements financiers plus sains. Enfin, elle a réduit nettement ses effectifs et a fait évoluer son modèle dans plusieurs pays pour se conformer à l'évolution prochaine de la réglementation.
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L’inflation pousse les consommateurs à utiliser de plus en plus de solutions de paiement fractionné : en raison de l'augmentation des prix, de plus en plus de consommateurs se sont tournés vers le paiement fractionné en 2022. Mais cette évolution positive comporte un risque puisqu'elle s'accompagne logiquement d'un risque accru de défauts de paiement, comme la fintech l'avait constaté à son arrivée sur le marché américain. Aujourd'hui, elle travaille plus que jamais à faire grandir son application de shopping pour diversifier les fondamentaux de son modèle.
MISE EN PERSPECTIVE
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Selon une analyse de Creditspring, les plaintes contre les sociétés de BNPL adressées au Financial Ombudsman Service ont augmenté de 36 % au cours des trois dernières années. Ce qui laisse penser que Klarna et ses concurrents ont induit certains comportements menant au surendettement :
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À partir de 2021, les autorités britanniques craignaient qu'un nombre croissant de ménages aient du mal à rembourser les achats effectués à l'aide d'un mode de paiement de type paiement fractionné.
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Certains députés, ont lancé le mouvement "Stop The Klarnage", et ont accusé ces acteurs d'encourager les dépenses compulsives et le surendettement des consommateurs. De même qu'en Allemagne, où les "dettes Klarna" des jeunes inquiètent.
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Compte tenu des menaces réglementaires, Klarna semble avoir axé son plan d'action 2023 sur le suivi des dépenses et du surendettement :
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En février 2023, Klarna a annoncé un projet pilote de six mois avec Schufa, une agence de crédit allemande.
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En mars 2023, la fintech s'est associée à l'application de budgétisation Buddy pour aider les consommateurs de la génération Z à mieux suivre leurs dépenses.
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