La rénovation énergétique freinée par la situation financière des ménages
La Fédération bancaire française et l’Association française des Sociétés Financières se sont récemment penchées sur le sujet de la rénovation énergétique des biens immobiliers français. Ils ont pour cela réalisé une étude menée par l'IFOP auprès des propriétaires. Si les résultats sont encourageants, puisque les rénovations sont en progression, des freins pèsent toujours sur ce marché, qui ont trait à la situation financière des ménages. Une situation qui appelle à mobiliser des sources de financement alternatives, crédits et aides publiques.
LES FAITS
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L'Ifop a mené son étude entre les 31 mars et 19 avril dernier auprès de 5 679 Français propriétaires d'un logement.
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Le premier enseignement qui en ressort concerne le fait que 45 % des propriétaires ont réalisé des travaux de rénovation énergétique depuis 2019 :
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49 % pour des travaux d'isolation,
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34 % pour le changement de fenêtres.
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32 % ont encore l'intention d'en réaliser dans un avenir proche.
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La réduction de la facture énergétique (pour 71 %) et l'amélioration du confort de vie (pour 67 %) représentent les deux principales motivations pour la réalisation de ces travaux.
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Restent 41 % des propriétaires ont des souhaits de travaux de rénovation énergétique non assouvis pour le moment.
ENJEUX
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Un coût important que la majorité des propriétaires estime ne pas pouvoir assumer : Le coût moyen de la rénovation énergétique des logements s'élève à près de 18 500 euros. Pour réaliser la rénovation de leur bien, les Français ont majoritairement recours à leur épargne, pour un montant moyen estimé à 10 000 euros. 39 % seulement ont recours au crédit, mais les montants empruntés restent importants (environ 16 400 euros en moyenne). 42 % utilisent les aides publiques, à hauteur de 6 750 euros en moyenne. Face à ces coûts, 56 % des sondés estiment ne pas être en mesure de réaliser ces travaux pour des raisons purement financières.
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Des freins toujours majeurs : Au-delà du coût des travaux, d'autres éléments extérieurs réduisent aussi les ambitions de certains Français. Ils sont ainsi 79 % à considérer qu'obtenir une aide publique et trouver un artisan sont les deux principaux freins à la réalisation de leur projet de rénovation énergétique.
MISE EN PERSPECTIVE
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Le Gouvernement a récemment annoncé que les logements classés G ne pourront plus être mis en location à partir de 2025, poussant les propriétaires à accélérer leurs travaux de rénovation énergétique. Cette décision devait permettre d'éradiquer les passoires thermiques et d'accélérer la transition des logements vers plus d'éco-responsabilité, en lien avec la loi climat et résilience. Une question majeure puisqu'en France, 5,2 millions de logements sont considérés comme des passoires thermiques.
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Mais les conditions actuelles difficiles en matière de location et d'achat immobilier (hausse des taux, diminution de l'accès au crédit, baisse du nombre de locations,...) poussent le gouvernement à revoir sa copie. Dans une interview accordée au Parisien, le Ministre de l'Economie a ainsi annoncé réfléchir à une modification des restrictions annoncées, et notamment à un report du calendrier.
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Dans ce contexte, l'accès aux aides publiques est un enjeu fort, puisqu'1 bénéficiaire sur 2 estime qu'il n'aurait pas pu effectuer ces travaux sans aides. L'accès au financement est essentiel également. Sur ce point, un accélérateur pourrait être de sortir les prêts à destination de rénovation énergétique du calcul du taux d'endettement.