La Banque d’Angleterre ouvre le cœur du paiement aux non-banques
Les autorités comptent sur les rivaux des banques pour dynamiser le secteur.
L’accès direct aux systèmes interbancaires de compensation et de règlement se confirme comme une réforme majeure au Royaume-Uni. Les règles sont en cours de révision par la Banque d’Angleterre (BoE) et par la récente autorité de régulation dédiée aux paiements, le Payments Systems Regulator (PSR), créé en 2015, avec son Payment Strategy Forum, associé aux orientations. En élargissant la participation directe à une diversité accrue d’établissements, les autorités tablent sur un dynamisme démultiplié dans l’industrie.
La Banque vient en effet d’annoncer de nouvelles règles de participation au système de règlement brut en temps réel (RTGS, real-time gross settlement) en livres sterling. Les PSP non banques (comme les Etablissements de Paiement) bénéficieront ainsi de conditions similaires aux 48 banques participant au RTGS de Londres. Ils ne seront plus contraints de leur confier leurs transactions en tant que Participants Indirects.
La Banque dédie également un service aux impacts des fintechs sur les métiers de banquier central, comme la sécurité des données et leur analyse. Elle traitera notamment le Big Data, afin de détecter tendances et anomalies. Enfin, comme indiqué par le Gouverneur de la Banque Mark Carney, un incubateur sera dédié à leurs expériences-pilotes (proofs of concept).
De son côté, l’association des banques du secteur des paiements, renommée Payments UK en 2015, a identifié quatre facteurs de succès dans son rapport « OpenAccess »:
- consensus interbancaire sur les modalités et la chronologie du nouveau régime d’accès au RTGS sterling
- accord sur le financement des évolutions
- gestion planifiée de la transition
- capacité d’établissements concurrents à collaborer dans un marché des paiements hétérogène.
Notre analyse : Préserver le premier rang britannique pour attirer les fintechs
L’accès direct aux systèmes interbancaires était déjà au cœur du discours de la Sous-Gouverneur de la BoE aux Marchés et à la Banque, Minouche Shafik, en janvier. La future DSP2 prévoit en effet l’égal accès de tout PSP à ces systèmes, sur la base de critères objectifs. Cela accompagne l’apparition des nouveaux acteurs régulés par la DSP 2 : initiateurs de paiement ou PISP, et agrégateurs d’information, ou AISP.
Cette libéralisation est surtout une anticipation rapide, dans le but de renforcer l’attractivité de Londres pour les start-ups du paiement – ou de la maintenir, compte-tenu du nouveau paradigme du départ britannique hors de l’UE.
Avec 1500 fintechs actives dans tous les domaines de la finance, la Grande-Betagne réunit près de la moitié du total en Europe, mobilisant les technologies les plus récentes.