Epargne et inflation : les Français toujours victimes d’une culture financière insuffisante
La relation entre inflation et épargne crée un véritable paradoxe pour les ménages, qui se traduit empiriquement par des prises de décision en incohérence avec les objetifs d'épargne affichés. C'est le résultat principal d'une enquête menée récemment par OpinionWay pour Les Echos. Les Français continuent d'épargner, pour la frange de la population qui en a les moyens. Mais dans le contexte anxiogène actuel, lié notamment à la réforme des retraites, ils choisissent des valeurs refuge qui ne compensent pas l'inflation. Ces résultats souligne le rôle primordial du secteur financier pour soutenir les ménages dans leur éducation financière.
LES FAITS
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OpinionWay a réalisé un sondage en février, pour Les Echos Patrimoine et Le Conservateur. Le principal enseignement de l'étude est que la plupart des Français considèrent l'épargne comme un moyen immédiat de se prémunir contre l'inflation. Ainsi, si les prix augmentent au cours des deux prochaines années, plus d'1 Français sur 2 pense qu'avant tout il vaut mieux épargner.
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Un déficit de culture financière. Seuls 18 % des Français connaissent le sens de l'expression "rendement réel". Cette connaissance s'améliore cependant avec les revenus. En la matière, les ménages aisés connaissent un peu mieux ce terme (39 %, contre 12% des ménages dont l'épargne est inférieure à 15 000 euros).
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Selon les Français, l'inflation n'a pas vraiment affecté leurs décisions : 56 % des répondants ont déclaré que l'inflation ne les avait pas amenés à modifier leurs investissements.
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Pourtant, a controverse sur le Livret A comme premier outil d'épargne : 26% des répondants considèrent le Livret A comme l'allié anti-inflation, contre 8 % pour l'assurance-vie et 13 % pour l'immobilier
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Le Livret A est considéré comme la meilleure couverture contre l'inflation à court terme, devant le livret d'épargne populaire, qui est pourtant sa vocation première.
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Concernant l'acquisition d'actions, l'enquête réalisée par OpinionWay montre à nouveau que l'intérêt pour cet investissement est inégal selon le niveau de vie des répondants : 43 % ménages ayant des placements financiers supérieurs à 150 000 euros placent la bourse dans les trois principaux placements financiers au regard de l'inflation (contre seulement 12 % pour les répondants dont le patrimoine financier est inférieur à 15000 euros).
ENJEUX
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L’épargne considérée comme le premier rempart face à l’inflation : la plupart des Français considèrent l'épargne comme le premier moyen de se prémunir contre la hausse des prix. En économie, la volonté d'épargner au détriment de la consommation immédiate traduit la préférence des consommateurs pour l'avenir. Dans ces conditions, alors que le taux d'intérêt du Livret A et du livret de développement durable et solidaire est de 3 %, et que le taux d'intérêt moyen en 2022 est inférieur à 2 % pour les fonds d'assurance-vie en euros, les épargnants ont logiquement dû revoir leur stratégie pour se rapprocher de leur but.
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Le paradoxe des épargnants et de l’inflation : en 2022, le Livret A et le LDDS ont enregistré un total de 33,5 milliards d'euros de revenus historiques. "La performance record est inégalée depuis 2012, date du relèvement du plafond du Livret A", notait la Caisse des Dépôts le 24 janvier dernier. Ce résultat révèle toute l'ambiguïté des Français face à l'épargne. Car même s'ils se contenteraient d'un rendement égal ou supérieur à l'inflation, ils estiment que le Livret A est le meilleur placement pour faire face à la hausse des prix.
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L’éducation financière des ménages s'affirme comme une clé pour les acteurs financiers : C'est en effet une opportunité pour les banques et les acteurs du secteur financier dans leur rôle d'éducation financière et de conseil. On constate d'ailleurs que les acteurs financiers les plus innovants mettent de plus en plus l'accent sur la pédagogie et la connaissance des finances, tous secteurs confondus.
MISE EN PERSPECTIVE
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Pour faire face à l'inflation, le gouvernement a réfléchi à un panier "anti-inflation" qui, faute d'accord entre les distributeurs s'est transformé en un "trimestre anti-inflation".
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Une autre possibilité relève de l'émergence d'une économie circulaire (Geev), du réconditioné (Back-Market) ou encore des solutions anti-gaspillage (TooGoodToGo ou Phénix) contre l'inflation.