Curve s'installe aux Etats-Unis et lance Curve Credit
LES FAITS
- Curve, la FinTech londonienne qui propose une carte agrégatrice, vient de réaliser une nouvelle levée de fonds d'ampleur. Elle souhaite désormais s'étendre à l'internationnal, avec pour cible principale le marché américain.
- Autre nouveauté annoncée : le lancement prochain de Curve Credit, une fonctionnalité attendue depuis déjà quelques mois.
- Pour rappel, Curve agrège toutes les cartes de débit et de crédit de ses clients. Elle les rend visibles et pilotables sur une plateforme unique, rattachée elle-même à une carte unique. Cette dernière permet ainsi aux clients de la FinTech de réaliser leur achats en décidant quelle sera la carte à débiter, y compris a posteriori lorsque la transaction est déjà passée (fonctionnalité Go back in time).
- La nouvelle levée de fonds menée aujourd'hui par Curve porte sur un investissement de 95 millions de dollars. Il est réalisé dans le cadre d'un nouveau cycle de financement en série C, dirigé par son investisseur historique IDC Ventures, ainsi que de nouveaux participants, Fuel Venture Capital et Vulcan Capital.
- À ce jour, plus de 8 000 Américains se sont inscrits sur une liste d’attente pour le lancement de Curve aux États-Unis. Ce lancement devrait être effectif au second trimestre 2021.
- L'autre annonce de Curve concerne le lancement de Curve Credit, une fonctionnalité annoncée depuis plusieurs mois, qui permettra à ses clients de réaliser des achats payés en n fois grâce à une option de paiement fractionné. Une version bêta de Curve Credit est disponible au Royaume-uni depuis le mois de juin dernier.
- Ce lancement répond aussi à un besoin des utilisateurs et à la nécessité de clarifier l'usage des produits de Curve. En effet, cette dernière a constaté que sa fonctionnalité Go back in time était massivement utilisée pour adresser a posteriori des dépenses réalisées par carte de débit sur une carte de crédit. Cette tendance s'est accentuée depuis la crise sanitaire. Curve Credit viendra donc remplir cet office dans un contexte plus encadré.
ENJEUX
- Un changement d'échelle en s'appuyant sur son succès britannique : Curve va s'appuyer sur cette nouvelle levée de fonds pour consolider son offre et financer son installation sur le territoire américain. Ce dernier est proche du marché britannique par l'utilisation fréquente des cartes de crédit et, plus globalement, la multiplication des cartes dans le portefeuille, un facteur qui pourrait pousser l'adoption de sa solution unique aux Etats-Unis. Les Américains disposent en effet en moyenne de 7 à 8 cartes de paiement. Le marché américain reste en outre très fragmenté, entre les offres des banques historiques et celles des milliers d'enseignes plus petites, comme les credit unions locales. L'enjeu est aussi de prendre de vitesse les nombreuses autres FinTech qui, comme elle, souhaitent préempter le marché avec une solution d'agrégation financière, sur le modèle d'une place de marché.
- Rentabiliser son modèle grâce au crédit : Si la solution est gratuite pour le client, Curve prélèvera une commission au commerçant pour qui cette solution de paiement fractionné est potentiellement une source d'augmentation du panier moyen. Cette solution sera proposée dans plusieurs pays européens, en s'adaptant à la législation en vigueur sur chaque marché.
MISE EN PERSPECTIVE
- Les FinTech européennes sont nombreuses à chercher à faire leur place aux Etats-Unis (Monzo, Revolut, N26), mais peu y parviennent, car le défi est de taille. Jusqu'à présent, N26 tire son épingle du jeu, avec près de 500 000 utilisateurs américains captés en un an. D'autres y ont connu des difficultés, y compris des acteurs expérimentés et solides comme Klarna, qui a vu ses pertes s'envoler suite à son implantation sur le marché et face à des défauts de paiement nombreux dans un contexte économique très tendu.
- 2020 a été une année difficile pour Curve, malgré le succès de sa solution dans un contexte de dématérialisation des paiements. La faillite de Wirecard en début d'année a notamment nécessité que la FinTech revoie entièrement le processing de ses flux, dont le traitement a migré chez Checkout. Une opération qui s'est faite à marche forcée, mais qui a contraint la start-up à cesser son activité pendant quelques jours. L'incertitude règne sur ses comptes pour l'année 2020, mais la publication de ses résultats 2019 montrent des pertes qui ont été multipliées par 4 (28 millions de livres), quand ses revenus ont doublé (5,9 millions de livres).
CHIFFRES-CLES
- 2015 : création
- Près de 175 millions de dollars levés au total
- 31 marchés couverts en Europe
- 2 millions de clients en Europe