Crédit Mutuel abandonne le questionnaire de santé
Crédit Mutuel vient de bousculer le marché du crédit immobilier en France. La banque a annoncé qu'elle n'aurait plus recours au questionnaire de santé dans le cadre de la validation des demandes de crédit immobilier. Cette (r)évolution concerne uniquement ses clients les plus fidèles et s'inscrit ainsi dans une démarche à la fois responsable, solidaire et d'amélioration de la relation client.
LES FAITS
- Le Crédit Mutuel a annoncé dans un communiqué la mise en place d'un nouveau dispositif dans le cadre de ses procédures d'acceptation des prêts immobiliers destinés à l'achat d'une résidence principale.
- Le groupe mutualiste s'engage ainsi à supprimer les formalités médicales pour une partie de ses clients les plus fidèles. Ces derniers n'auront plus à remplir de questionnaire de santé pour souscrire une assurance emprunteur pour l'acquisition de leur résidence principale.
- Le Crédit Mutuel fixe néanmoins des conditions précises pour bénéficier de ce nouveau dispositif. Ces derniers doivent ainsi :
- être clients Crédit Mutuel depuis 7 ans au minimum et avoir domicilié leurs revenus principaux au sein de la banque,
- ne pas emprunter plus de 500 000 euros par emprunteur,
- être âgés de moins de 62 ans lors de leur souscription du prêt immobilier.
- Cette décision est par ailleurs rétroactive puisque les clients déjà titulaires d’une assurance emprunteur auprès de Crédit Mutuel, et correspondant à ces conditions, verront leur surprime annulée à compter du 1er décembre 2021.
Selon Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel, le nouveau dispositif couvre 97 % des dossiers de prêt de la banque et pourrait concerner 150 000 dossiers par an.
ENJEUX
- Réaffirmer ses engagements solidaires : Le Crédit Mutuel insiste, à l'annonce de ce nouveau dispositif, sur son engagement à proposer une approche plus juste pour permettre à ses clients de ne pas avoir à souffrir de discrimination liée à la santé dans le cadre de leur accession à la propriété. En ajoutant une couche de fidélisation à son dispositif, la banque se couvre néanmoins d'une partie des risques suscitées par cette décision, tout en renforçant sa relation client et leur fidélisation.
- Faire fi des pertes financières : Le crédit Mutuel a estimé que son nouveau dispositif pourrait lui faire perdre quelque 30 millions de revenus sur l'exercice 2022, liés à la facturation de surprimes. A terme, ce montant s'élèverait à 70 millions d'euros par an, 40 millions étant liés à l'intégration de clients s'étant vu jusqu'ici refuser des prêts pour raison de santé. Mais le Crédit Mutuel entend minimiser ces pertes en attirant de nouveaux clients.
- Contrer des décisions politiques : Depuis l'entrée en vigueur de la loi Hamon en 2014, les particuliers qui contractent un prêt immobilier peuvent résilier leur assurance emprunteur à tout moment au cours de la première année qui suit la signature de leur offre de prêt. Or, ce droit pourrait être étendu à l'avenir sur toute la durée des contrats, suite aux travaux initiés par le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) sous l'égide du ministre des Finances.
MISE EN PERSPECTIVE
- Le sujet ouvert aujourd'hui par le Crédit Mutuel est devenu moins concurrentiel que politique. Plusieurs députés ont récemment déposé des amendements au projet de loi de finances 2022 portant justement sur la démocratisation de contrat d'assurance emprunteur ne reposant pas sur un questionnaire de santé.
- Crédit Mutuel se pose en avant-gardiste de cette tendance et envisage d'imposer son nouveau modèle comme une référence sur le marché.