Retour d'expérience : L'Open-banking décolle au Royaume-Uni
LES FAITS
- L'Open Banking Implementation Entity (OBIE), organisme créé en 2016 par l'autorité britannique de la concurrence pour mettre en oeuvre l'open-banking au Royaume-uni, vient de publier des statistiques sur l'usage de cette technologie.
- Elle est notamment revenue sur les conséquences de la crise sanitaire et sur les cas usages qui se sont développés à partir de la mise à disposition des données des 9 principales banques britanniques (AIB, Bank of Ireland, Barclays, Danske, HSBC, Lloyds, Nationwide, RBS et Santander).
- Le nombre des utilisateurs de services financiers issus de l'open-banking (c'est-à-dire de la connexion d'applications tierces aux comptes bancaires) a plus que doublé au cours des six derniers mois. Ainsi, 2 millions d'utilisateurs ont fait appel à ces services (alors qu'ils n'étaient qu'un million en janvier dernier).
- Cette adoption s'est faite au rythme d'environ 160 000 nouveaux utilisateurs par mois, à l'exception d'avril et mai.
- OBIE catégorise quatre grandes applications de l'open-banking au Royaume-Uni :
- l'agrégation de comptes
- le scoring pour simplifier l'accès au crédit
- la gestion de l'endettement
- la souscription de crédit immobilier
- Les usages de l'open-banking qui ont connu la plus forte croissance selon l'OBIE :
- obtenir une meilleure compréhension de son budget et de ses dépenses
- améliorer sa manière d'épargner
- mieux gérer ses revenus
- accéder à une offre de crédit dans de meilleures conditions
ENJEUX
- Un contexte favorable :
- Les services bancaires digitaux sont de plus en plus utilisés par les Britanniques : un sondage conduit en juillet dernier par Nesta Challenges montre que l'utilisation des applications de gestion de budget (PFM) a crû nettement pendant la pandémie ; 45 % des nouveaux utilisateurs de ces applications sont des jeunes de 25 à 34 ans. En outre, 1 Britannique sur 5 a commencé à utiliser une application mobile bancaire pendant le confinement ; et 54 % d'entre eux l'utilisent désormais régulièrement.
- A cet élément conjoncturel, s'ajoute la forte volonté gouvernementale d'ouvrir le marché des services financiers. C'est dans cet objectif que la marque Open Banking Limited a été créée par les autorités de la concurrence, face à ce qu'elles considèrent comme de l'inertie de la part des banques traditionnelles.
- Ce contexte particulier fait que le marché britannique est aujourd'hui très en avance par rapport à l'Europe sur la mise en oeuvre de l'open-banking. En outre, les autorités ont fait le choix de communiquer auprès du grand public sur cette notion, qui reste inconnue de la plupart des Français par exemple. L'OBIE a même mis en ligne une plate-forme permettant d'identifier tous les prestataires de services tiers en fonction de ses besoins (l'Open Banking App Store). On y trouve ainsi Starling Bank, Yolt, Revolut, Tandem Bank et toutes les autres néo-banques et FinTech dont les offres reposent sur l'accès aux données bancaires via des API.
- Du pratique à l'indispensable : là encore, la pandémie semble avoir agi comme un accélérateur de tendance. Les avancées de l'Open-banking étaient déjà concrètes auparavant, mais la nécessité de dématérialiser davantage les services financiers l'ont rendue incontournable, comme le montre l'adhésion des utilisateurs.
- Démontrer les avantages de l'Open Banking que sont, entre autres, la possibilité de personnalisation des services financiers et le partage sécurisé des données grâce aux API.
MISE EN PERSPECTIVE
- Dans d'autres pays, comme la France en particulier, ce sont les agrégateurs de comptes qui se sont posés en "arbitres" de cette tendance née avec le passage de la seconde Directive sur les Services de Paiement. Avec pour conséquence une plus grande fragmentation du marché. Les initiatives y sont nombreuses, mais la standardisation des API n'est pas encore effective et freine l'adoption des utilisateurs finaux. La richesse et le caractère hétéroclite de ces nombreux exemples démontrent ainsi que l'Open-banking n'en est qu'à ses prémices.