Mastercard veut aider les banques centrales à déployer leurs monnaies numériques
LES FAITS
- Dans un contexte favorable à l'émergence de ces nouveaux outils et d'intense émulation entre les acteurs, Mastercard lance une plateforme de test dédiée aux Monnaies Digitales de Banques Centrales (MDBC).
- Face aux initiatives privées qui pourraient voir le jour, Mastercard plaide la sécurité et la coopération.
- Le nouvel environnement virtuel mis en place par Mastercard est une plate-forme en ligne qui, à la manière d'un bac à sable, permet de simuler l'environnement d'émission et d'acceptation d'une monnaie numérique.
- Son objectif ? Servir de lieu de test pour les MDBC en réunissant toutes les parties prenantes (banques centrales, PSP et utilisateurs).
- Technologie sous-jacente : Mastercard est avare de détails à ce stade, et communique uniquement sur le fait que la plate-forme repose sur infrastructure Blockchain.
- La plate-forme est personnalisable pour chaque banque centrale qui souhaite l'utiliser. Ce lieu d'expérimentation permet également d'imaginer et tester des cas d'usage.
- Mastercard compte sur un travail collaboratif avec les banques centrales, les banques commerciales, les spécialistes technologiques et autres agences de conseil pour valider les concepts existants et à venir.
ENJEUX
- Répondre à une problématique posée, tant par les usages que par les acteurs privés : L'économie mondiale a massivement adopté les paiements numériques. L'évolution des usages numériques de paiement et les velléités d'acteurs privés, poussent les banques centrales à étudier la possibilité d'émettre leur propre monnaie numérique pour soutenir l'innovation tout en maintenant leur politique monétaire et leur stabilité financière.
- Répondre à la demande d'infrastructures des banques centrales déjà impliquées : selon une étude de la BRI, 80% des banques centrales interrogées ont déclaré s'être engagées dans une réflexion avancée sur les monnaies numériques. Près de 40 % des banques centrales seraient même passées au stade de concept. D'où ce besoin d'une infrastructure de test, que Mastercard souhaite adresser.
- Prôner la coopération et la sécurité : face aux initiatives privées comme celle de Facebook, qui ont déjà fait réagir les institutions (et dont Mastercard a été parmi les premiers à se désengager), le scheme soulève le risque de tracking et joue pour sa part au contraire la carte de la protection des données. Elle encourage en outre les acteurs les plus variés à coopérer autour de cette infrastructure technique mise à disposition à dessein. Une manière de se rendre indispensable dans cette évolution majeure.
MISE EN PERSPECTIVE
- En Chine, qui fait partie des pays les plus avancés dans cette réflexion, les tests concernent l'émission d'une monnaie numérique souveraine dans quatre villes du pays. Les fonctionnaires locaux sont ici testeurs ; ils viennent de recevoir une partie de leur salaire et indemnités de transport en monnaie virtuelle.
- La BCE, avance quant à elle avec une certaine lenteur. Via un groupe de travail, dont la création a été annoncée par Christine Lagarde il y a quelques jours, elle dit souhaiter évaluer les opportunités et risques d'une telle démarche, qu'elle inscrit volontiers dans un cadre de soutien à la souveraineté de l'Europe en matière de paiement.
- La Banque centrale des Pays-Bas (DNB), pour sa part, a déjà dit qu'elle souhaitait être leader dans cette démarche européenne invoquant plusieurs avantages manifestes selon elle, parmi lesquels : l'optimisation des paiements transfrontaliers, le renforcement de la confiance dans le système monétaire et un remplacement de l'argent liquide plus conforme à l'évolution des usages. Enfin, la France et l'Allemagne s'y montrent également très favorables.
- Enfin, rappelons pour compléter le cadre de ce sujet très politique, que la France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas viennent de monter au créneau pour appeler la Commission européenne à réguler les crypto-monnaies adossées à des actifs, telles que le stablecoin que Facebook envisage de monter. Le texte européen, dont une version préliminaire a déjà fuité dans la presse, pourrait être publié ce mois-ci.