L’open banking requiert une régulation élargie
Soulignant le risque d’atteinte à la vie privée, un rapport commandité par Barclays appelle les régulateurs à une coopération inter-secteurs et transfrontalière pour faire face à l’exploitation de données de masse.
Ancien conseiller du gouvernement anglais, Faith Reynolds a évalué le potentiel de l’accès des tiers (Prestataires de Services de Paiement) aux données bancaires ouvert par la DSP2. Parmi les gains potentiels pour les consommateurs, ils bénéficieront d’une vision consolidée de leurs produits financiers, d’une analyse détaillée de leur profil de dépenses et de conseils pertinents. En outre, ils peuvent s’attendre à disposer d’une gamme très élargie de services financiers et de recommandations personnellement adaptées.
Ce confort et ce choix accrus pourraient toutefois leur coûter la maîtrise de leurs propres données. L’essor du nombre d’acteurs et d’offres créera un environnement plus complexe à appréhender, tout en multipliant les occasions de conflits d’intérêts et d’asymétries de pouvoir.
Le rapport engage la FCA à évaluer publiquement les risques d’abus induits par l’open banking et à définir les moyens de les combattre, afin de préserver la confiance du public dans les services financiers de nouvelle génération. Cela requiert de collaborer avec les autres régulateurs nationaux et étrangers. Quant aux PSP tiers, ils devront être l’objet d’une vigilance particulière, équilibrant supervision et sauvegarde de l’équité.
Même réaction côté australien, où un dirigeant de la banque ANZ souligne les effets pervers de l’open data : d’un côté, le législateur met le pied à l’étrier des FinTech pour concurrencer les établissements financiers. De l’autre, le Parlement recommande des mesures pour les banques existantes, afin d’améliorer confiance et perception par leurs clients : tribunaux de réclamations, revue des risques indépendante et régulière, publication de critères impartiaux de performance. De ce double dispositif, le législateur attend un choix plus étendu pour les clients et une facilité accrue à changer de prestataire. Pour autant, les acteurs installés sont amenés à améliorer la qualité et le coût de leurs services, réduisant d’autant l’intérêt des clients à aller voir la concurrence.
Notre analyse : Big Data, l’Open Banking à portée de main ?
Le rapport de Barclays attire la vigilance des régulateurs sur les possibles excès. Il est conforté par des précédents lors de dérégulations sectorielles analogues. Peu après l’entrée en vigueur de la DSP, la faillite d’un site d’achat à terme de devises (Crown Currency) avait illustré une faille dans le contrôle de l’usage des agréments. Une politique de régulation clarifiée en amont nourrirait la confiance à long terme. En attendant, un sondage Equifax révèle que 60 % des interrogés sont hostiles à tout partage de données personnelles, en priorité par inquiétude sur la sécurité (67 %) et la privauté (60 %). Toutefois, les 25-34 ans sont les moins rétifs à troquer la privauté pour un gain en lutte anti-fraude multi-comptes, en comparaisons aisées, etc.
Par ailleurs, selon l’exemple australien, les banques établies pourraient réussir à lutter contre l’attrition en améliorant leurs pratiques et en adoptant l’agilité de leurs rivaux sur une base initiale de clients plus large.
Lire aussi : ANZ Bluenotes, Open data – competition cuts both ways, 10 janvier 2017