ICO : première opération d’envergure en France
Les monnaies virtuelles inspirent les jeunes entrepreneurs qui commencent à privilégier les ICO (Initial Coin Offering) aux levées de fonds traditionnelles pour financer leur développement. Cette tendance s’accélère et gagne désormais la France avec le cas de DomRaider. Un succès qui prend de court l’AMF, qui va devoir se pencher sur la régulation de ce marché à haut risque…
La start-up française DomRaider, lancée en 2013, tente de se diversifier en passant par la case ICO. Initialement, elle est positionnée sur le secteur du « drop catching » (récupération et mise en vente de noms de domaines expirés). Elle cherche aujourd’hui à développer un site de vente aux enchères (pour tous types de biens physiques ou virtuels) en s’appuyant sur la Blockchain.
La société souhaite obtenir 35 millions d’euros pour financer ce projet ; pour ce faire, elle propose donc 350 millions de « tokens » (DRT) à 0,10 euro l'unité. Ces tokens donnent aux investisseurs le droit d’utiliser le service à venir, qu’ils auront contribué à lancer.
Au 15 septembre DomRaider avait vendu près de 348,8 millions de DRT alors qu’elle disposait encore de 25 jours avant la clôture de son ICO. L’opération a donc de fortes chances d’aboutir, la faisant figurer au top 10 des ICO les plus importantes en 2017. Une autre start-up française a déjà eu recours à ce mode de financement : en avril i-Ex.ec a levé 12 millions de dollars en 3 heures.
Notre analyse - L’ICO : feu de paille ou révolution à venir pour le capital-risque ?
La première ICO date de 2013 mais les initiatives se sont multipliées cette année et la tendance semble s’accélérer, en même temps que les cours des monnaies virtuelles s’envolent. D’où la crainte récurrente de voir cette bulle éclater. Et d’où l’attention toute particulière que l’AMF porte désormais à ce mode de financement inédit. Elle pourrait annoncer d’ici fin 2017 un premier cadre réglementaire, faisant de la France l’un des premiers pays à formaliser cet encadrement. Au Royaume-Uni, la Financial Conduct Authority a mis en garde les investisseurs, jugeant ce processus extrêmement risqué.
Si ce compromis entre IPO et crowdfunding s’est développé, c’est d’abord parcequ’il apparaît beaucoup plus simple et beaucoup moins coûteux qu’une levée de fonds traditionnelle ou qu’une introduction en bourse. La Blockchain prouve une nouvelle fois son caractère désintermédiant en évinçant tous les tiers de confiance (banques et avocats par exemple). A terme, dans cette nouvelle « token economy », l’ICO pourrait permettre à toute entreprise de démultiplier son accès à des fonds, qui pourront être levés dans le monde entier et auprès d’investisseurs pas forcément professionnels.