Casino lance le premier stablecoin

LES FAITS

• Prenant de court tous les acteurs qui travaillent depuis des mois à l'arrivée des stablecoins, Lugh annonce la création du premier actif numérique français adossé à l’Euro.

• Cet actif numérique est le résultat du travail croisé de plusieurs partenaires : Coinhouse spécialiste des crypto-actifs, Société Générale et le groupe Casino. Une association qui ne surprend plus lorsque l'on regarde l'ambition affichée par ce consortium : créer un écosystème de paiement et de fidélisation pour le distributeur. 

• Lugh (EUR-L) est donc, de fait, la première "crypto-monnaie stable" adossée à l'euro. Mais dans un premier temps, sa vocation ne sera pas celle d'une monnaie, mais celle d'un instrument d'investissement, pendant une phase transitoire qui pourrait durer un à deux ans.

• Pendant ce temps, il s'adressera uniquement aux investisseurs, particuliers comme professionnels, désireux de tabler sur le marché porteur des crypto-actifs tout en se préservant des risques liés à sa grande volatilité. En effet, pour chaque actif numérique émis, un euro est conservé sur un compte bancaire dédié, dont Société Générale assure la tenue.

• Ce stablecoin est disponible à l'achat et aux échanges seulement chez le courtier français Coinhouse. Ce dernier prélèvera une commission de 1,49 % sur chaque transaction impliquant Lugh.

• Enfin, afin d'être en règle avec la législation en vigueur, le cabinet d'audit PwC sera chargé de publier des attestations mensuelles pour certifier le contenu de la réserve en euros. 

• Le groupe Casino, pour sa part, entend mettre à profit cette période transitoire pour convaincre de nouveaux partenaires de rejoindre cet écosystème en cours de constitution. Ce consortium ainsi créé permettra à Lugh d'atteindre tout son potentiel en devenant : 
  • un outil de fidélisation et de cash-back décentralisé et interopérable entre plusieurs enseignes
  • un moyen de paiement à part entière dans les magasins et restaurants.

ENJEUX

• Créer la première monnaie digitale au service des distributeurs ? Le projet de Casino, bien qu'embryonnaire à ce stade, est très ambitieux. Car il s'agit bien, à terme, de créer une monnaie multi-enseignes en faisant rentrer d'autres distributeurs au capital de Lugh. Cette monnaie décentralisée réaliserait un vieux rêve des retailers qui ont depuis longtemps cherché à se défaire de leur dépendance vis-à-vis des réseaux de cartes. En conséquence, les mécanismes de fidélité (notamment le cash-back) seraient aussi interopérables entre distributeurs, ce qui apporterait une forte valeur au client final et justifierait l'utilisation de cette nouvelle monnaie.

• Le choix d'une infrastructure française : Plutôt que de s'appuyer sur la blockchain Ethereum, Lugh a choisi Tezos, dont la majeure partie des équipes sont françaises. SCEME, fournisseur de l'infrastructure d'émission et de gestion de Lugh, ainsi que Nomadic Labs, spécialiste français de la blockchain, complèteront le trio en charge de la gestion des aspects technologiques de Lugh. Ce choix est probablement un moyen de séduire et rassurer les autorités de régulation, qui cherchent à préserver la souveraineté européenne face à l'émergence de potentielles initiatives privées extra-européennes, comme celles de Facebook avec Diem. 

MISE EN PERSPECTIVE

• Disponible uniquement chez Coinhouse dans un premier temps, Lugh sera par la suite proposé par d'autres prestataires de services d'actifs numériques (PSAN), mais aussi, à terme, par des plates-formes étrangères.

• Ce nouveau statut de PSAN, créé par la loi PACTE et entré en vigueur officiellement en décembre dernier, oblige en effet les entreprises détentrices d'actifs numériques à s'enregistrer auprès de l'AMF, après autorisation de l'ACPR. Coinhouse a été la première entreprise à être enregistrée par l'AMF sous ce statut et à recevoir l'autorisation de poursuivre ses activités.

• Casino espère que Lugh grandira en même temps que l'engouement encore limité des Français pour les crypto-monnaies. 3 % d'entre eux disent avoir déjà investi dans les crypto-monnaies et 14 % aimeraient le faire, selon un sondage réalisé en février par l'Ifop pour le compte de Cointribune.