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La Russie projette son propre système de paiements

Elle réagit ainsi à une proposition anglaise d'exclure la Russie du réseau SWIFT durant la crise en Ukraine.

Parmi les sanctions renforcées envisagées par l'UE, Londres propose d'interdire à toutes les banques russes l'usage du système de messages de paiement mondial SWIFT. Selon un conseiller du Premier ministre britannique, une telle décision entraverait lourdement l'économie russe, y compris pour ses échanges internes. A ce jour en effet, seuls 5 à 10 % des paiements impliquant une banque russe seraient traités et échangés sans quitter la Russie, d'après la revue russe Kommersant.

Le cas de l'Iran, soumis à cette mesure depuis mars 2012, semble en démontrer l'efficacité. Toutefois, à court terme, la Russie cherchera sans doute à exercer des représailles en proportion du tort subi. A plus long terme cependant, une part accrue des flux interbancaires russes risque d'échapper à tout suivi et contrôle, d'abord en migrant vers des circuits plus souterrains et, ensuite, en recourant à une alternative nationale à SWIFT. De fait, le vice-ministre des Finances russe a annoncé le 27 août un projet de loi créant un système national de compensation des paiements russes. Il reste à savoir si la technologie requise est maîtrisée par la banque centrale.

Notre Analyse : La souveraineté financière, gage d'un investissement des autorités ?

La Russie – comme nombre d'économies de toutes tailles – traite la majorité de ses transactions nationales via un système international : MasterCard et Visa pour la monétique, SWIFT pour les virements et transferts. Or, de plus en plus de grands pays émergents ont atteint l'indépendance nationale pour la monétique (China UnionPay ou RuPay en Inde). Cette dernière vient même d'imposer le traitement des paiements de vente à distance par les acquéreurs locaux, en roupies – afin de généraliser l'authentification en deux étapes. Avec sa dernière annonce, la Russie complète donc son intention, déjà affirmée fin 2011 en monétique, de se doter d'un système national de paiements autosuffisant (Observatoire de décembre 2011).

Au-delà de la décision diplomatique de l'UE, il en ressort qu'un élément-clé de la souveraineté est l'indépendance des systèmes de paiement. L 'Europe en dispose déjà outre SWIFT, coopérative de banques de droit belge : ABE Clearing peut compenser les paiements de détail paneuropéens dans STEP2 et ceux de gros montants dans EURO1, tandis que le règlement s'effectue dans TARGET2 de la BCE*. Ceci sans compter le projet TARGET2 S(ecurities) pour centraliser le règlement/livraison de titres.. Seul manque un MasterCard/Visa européen, dont l'opportunité de la création se posera à nouveau, alors qu'approche l'adoption du Règlement plafonnant les interchanges monétiques.

Et ceci, au moment où la BCE rend obligatoires les exigences mondiales CPSS-IOSCO sur les systèmes de paiement : depuis août, ses normes SIPS (Systematically Important Payment Systems) s'imposent à TARGET2, STEP2, EURO1 et CORE (de la STET).