2018 : l’année de tous les challenges pour le marché des paiements
L’application de la deuxième directive sur les services de paiement (DSP2), en ce début d’année, marque sans conteste une nouvelle étape pour un marché déjà en forte évolution, sous l’effet de l’arrivée des GAFA et de la FinTech. Nouvelles normes sécuritaires, défis liés à l’initiation de paiement et à l’agrégation d’information, ou encore ouverture des données constituent en effet certains des principaux éléments adressés par cette législation, arrivant en complément d’une DSP1, datant de 2009, initiatrice de l’ouverture du marché et de la création du statut d’Etablissement de Paiement.
Les mutations du marché des paiements ne s’arrêtent cependant pas à cette seule réglementation. Rappelons ainsi que des textes connexes viennent compléter une armada de législation déjà conséquente (DME2, 4ème directive lutte anti-blanchiment et lutte contre le financement du terrorisme, etc.), à l’image du Règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD), dont l’application est également prévue pour 2018, qui confirme la place essentielle de la data, demain, dans différents secteurs d’activité comme les paiements et les services financiers.
N’oublions pas également les réflexions et débats autour de la monnaie virtuelle et notamment du bitcoin, dont l’évolution du cours a fait les beaux jours de l’actualité en ce mois de décembre 2017. Sujet emblématique dont les contours réglementaires – et stratégiques – restent à définir. De quoi confirmer la place plus que jamais capitale des enjeux de conformité dans un secteur caractérisé non seulement par de nouveaux usages et acteurs, mais également par une évolution des risques.
De fait, les innovations terrain telles que le mobile wallet poursuivent leur avancée avec des enjeux qui leur sont propres : sécurité, d’abord, mais également interbancarité et universalité dans le contexte des transactions transfrontalières, sans oublier la persistante question des coûts et business models qui mobilise tous les maillons de la chaîne, des acteurs de l’offre aux acteurs de la demande, en passant par les prestataires de services, garants de la qualité des services technologiques proposés par ces acteurs.
Les réflexions des différentes parties prenantes laissent supposer que les transactions et relations bancaires de demain devraient également être nourries, à terme, par des technologies issues de la robotique comme l’intelligence artificielle ou encore les chatbots, dont les modèles et le cadre réglementaire restent cependant à construire. Nul doute que l’édition 2018 du CES Las Vegas permettra d’effectuer un point d’étape sur ces sujets.
Les professionnels du marché, qu’ils soient issus du terrain ou de la réglementation, seront ainsi confrontés, en 2018, à de nombreux défis, dans l’accompagnement des évolutions et la construction de nouveaux modèles intégrant des acteurs de tous horizons – banques, FinTechs, EP/EME, GAFA, etc. -. dont les stratégies et positionnements devraient à terme rebattre les cartes dans l’échiquier international.
Andréa Toucinho
Consultante moyens de paiement et services financiers, ADN’co