L'impact de la déconnexion de Swift et des sanctions sur l'économie russe

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays européens et américains ont annoncé un ensemble de sanctions dont le bilan commence à se faire sentir sur l'économie russe. Cette situation a été encore alourdie par le fait que de nombreuses enseignes ou multinationales occidentales ont fermé leurs portes en Russie. La valeur du rouble, la monnaie nationale, s'est effondré et le pays risque d'être prochainement en défaut de paiement.

LES FAITS

• Cette semaine, en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Commission européenne a décidé de déconnecter sept banques russes de la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT)

• L'Union Européenne a élargi ses sanctions contre la Russie. 160 nouvelles personnes ont été ajoutées à sa liste noire des oligarques et hommes politiques russes dont les avoirs en Europe ont été gelés.

• VTB dispose de branches de banque d’investissement opérant au Royaume-Uni et d’une banque de détail en Allemagne, elle a annoncé qu’elle ne serait pas en mesure d’opérer en dehors de la Russie, se retirant ainsi du marché européen.

• Cette décision fait suite à la décision de Sberbank, qui a été avertie par la BCE que la branche européenne de Sberbank risquait de faire faillite, après une ruée sur ses dépôts déclenchée par la réaction de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

• L’Office of Foreign Assets Control (OFAC) des États-Unis a également imposé un embargo total sur le commerce en dollars américains avec la Russie pour les deux banques, entre autres institutions, réduisant encore plus les règles du jeu.

• Quelques jours après l’annonce de l’interdiction de SWIFT, les sociétés de cartes de paiement américaines Visa, Mastercard et American Express, ainsi que les fournisseurs de paiement mobile Apple Pay et Google Pay, ont bloqué plusieurs institutions financières russes en raison de ces sanctions. PayPal a également cessé d’accepter de nouveaux utilisateurs en Russie, après avoir déjà bloqué certains utilisateurs et certaines des plus grandes banques du pays.

• Les banques russes examinent la possibilité d’émettre des cartes en utilisant leur propre système de paiement Mir et UnionPay (Chine), car cette solution leur permettrait d’effectuer des paiements à l’étranger, avec UnionPay opérant dans 180 pays. Les cartes russes MIR ont pris un quart du marché à Visa et MasterCard et le téléphone y est devenu un porte-monnaie.

ENJEUX

• Pour faire face à l'exclusion de Swift, les banques russes pourront organiser des paiements en utilisant le système de transfert de messages financiers (SPFS), créé en 2014 par la banque centrale russe. Il est actuellement utilisé par une poignée de banques internationales en Allemagne et en Suisse liées à des banques russes. Elles pourront également utiliser le CIPS (Cross-Border Interbank Payment System) pour les paiements transfrontaliers en renminbi. Elles pourraient même utiliser WhatsApp pour instruire les transactions nécessaires.

• Depuis 2014, la Russie désensibilise son économie à d'éventuels embargos financiers plus lourds pour les rendre au moins aussi douloureux pour ses partenaires commerciaux européens que pour elle. « Dédollarisation », « aurification » (20 %) et « sinisation » (13 %) des réserves, recours à l'euro (30 %) dans les échanges.

• Une autre alternative pour les banques russes est, bien sûr, la crypto. Les voix des principaux opérateurs et réseaux de crypto FX étaient décourageantes, tout en gardant un ton sain de précaution lors de l’évaluation de la perspective que la Russie trouve un canal dérobé pour transférer de l’argent via la cryptographie. La plateforme d’échange de crypto-monnaie Binance cité par Reuters déclare que les titulaires de cartes des banques russes sanctionnées ne seraient pas en mesure de les utiliser sur leur plate-forme et a confirmé que les personnes sanctionnées ont vu leur accès restreint. Asheesh Birla, directeur général de RippleNet pense qu'il n’y a tout simplement pas assez de liquidités mondiales crypto pour répondre aux besoins de la Russie.

MISE EN PERSPECTIVE

• Les ventes en ligne en Russie ont chuté de 53% à la fin du mois de février 2022.

• Apple, qui détient une part de 15% du marché de la téléphonie mobile en Russie, a annoncé qu’il arrêtait toutes les ventes de ses produits dans le pays.

• Nike a également coupé les ventes, mais la marque a blâmé la logistique, affirmant qu’elle « ne peut pas garantir la livraison de marchandises aux clients en Russie ». IKEA, d’autre part, ferme ses magasins et suspend tout approvisionnement dans le pays et son allié, la biélorusse.