Crypto-monnaie : Facebook lance Libra
LES FAITS
- Le réseau social vient de mettre en place l’infrastructure nécessaire au lancement de sa crypto-monnaie. Le groupe américain a communiqué sur ses partenaires financiers et sur Libra Networks, l’association qui va gouverner cette nouvelle monnaie.
- Objectif : lancer une monnaie dématérialisée universelle, qui garantit toutes les conditions de sécurité, sans passer par les garanties d’un Etat, et qui ne soit pas un objet de spéculation. Elle est destinée à s’implanter partout où les frais de transaction rendent coûteuse l’utilisation d’une monnaie traditionnelle (transferts de fonds à l’étranger, paiements transfrontaliers, micro-transactions).
- Baptisée Libra, la nouvelle monnaie virtuelle de Facebook utilisera la Blockchain pour enregistrer les transactions. La monnaie sera stockée dans un portefeuille baptisé Calibra.
- Elle permettra entre autres de payer les achats en ligne et d’échanger de l’argent entre particuliers sur l’ensemble des plates-formes appartenant au groupe (WhatsApp, Instagram, Messenger). Mais sa vocation est bien universelle et permettra de l’utiliser dans tous les contextes.
- Partenaires : plus de 27 groupes ont déjà signé avec Facebook moyennant un ticket d’entrée de 10 millions de dollars. Parmi eux : PayPal, Uber, Booking, Illiad (la maison mère de Free) mais aussi Visa et Mastercard.
- Comment ça marche ? Libra sera adossée à un panier de monnaies et de valeurs jugées stables comme l’euro, le dollar ou la livre. Par le biais d’une application mobile, les utilisateurs seront en mesure d’acheter des Libra avec leur monnaie locale, même s’ils ne disposent pas de compte bancaire. Libra pourrait aussi être utilisée dans des boutiques physiques.
- Facebook envisage un lancement au premier trimestre 2020, dans une douzaine de pays dans un premier temps.
ENJEUX
- Se positionner sur un nouveau marché. Le modèle économique de Facebook a atteint une certaine maturité, la société a donc besoin de nouvelles sources de revenus pour continuer à croître. Par le biais de cette initiative, le géant américain prend un virage stratégique et change de dimension. Le secteur des paiements en ligne offre des débouchés considérables et le groupe entend bien en tirer profit.
- Facebook n’entend pas s’arrêter là. Il souhaiterait rentabiliser son activité en proposant à terme d’autres services financiers à l’image du crédit, toujours en s’appuyant sur Libra.
- Les non-bancarisés dans le viseur. Facebook porte un intérêt particulier pour les pays en développement. Libra pourrait apparaître comme une valeur refuge notamment dans les pays où il existe un contrôle des changes ou une forte inflation. Le réseau social pourrait aussi apporter aux personnes qui ne sont pas bancarisées (40 % des adultes dans le monde) un moyen de paiement et d’échange peu coûteux. Le groupe propose d’ailleurs des programmes pour connecter les zones non couvertes par le réseau.
- Une structure originale pour inspirer la confiance. Ce qui marque dans cette annonce, ce sont les nombreuses précautions prises par le groupe pour prévenir les critiques relatives à la sécurité, à la confidentialité et la concurrence. En faisant le choix de l’association à but non lucratif et d’un code open-source, Facebook rassure quant à la gouvernance et sépare très clairement les activités de la messagerie de celle de l’émetteur de monnaie électronique. En outre, le réseau a pris le temps de négocier longuement avec les autorités monétaires internationales pour assurer le succès de son initiative.
- Universalité et interopérabilité. Facebook a tout mis en œuvre pour éviter l’écueil contre lequel se sont heurtés ses concurrents (dont Google), à savoir un réseau d’acceptation trop restreint pour permettre une diffusion large.
MISE EN PERSPECTIVE
- Il ne s’agit pas de la première incursion de Facebook sur le marché du paiement. Une fonctionnalité de paiement avait été implémentée au sein de Messenger, puis abandonnée. Le réseau social a dévoilé il y a moins d’un mois sa nouvelle stratégie et sa volonté de déployer un système de paiement à l’échelle de tout le groupe.
- Facebook n’est toutefois pas le premier à vouloir lancer un « stablecoin » (même si techniquement, le Libra n’en est pas un). La banque américaine JPMorgan Chase a également lancé une monnaie virtuelle adossée à un panier de devises réelles. Seulement à la différence de Libra, JPM Coin est restreint à des transactions financières entre grands investisseurs.